Parcours
Le cinéma retrace l'Histoire, l'Histoire passe par Paris, Paris est la ville du cinéma. A travers les grandes périodes historiques,
ce voyage vous propose plusieurs escales parisiennes sur des moments forts de l'Histoire, au cours desquelles on s'aperçoit
que chaque film sur une période historique donnée raconte tout autant celle à laquelle il a été tourné.
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Les Parisii, peuple gaulois, s'installent sur les bords de Seine vers -250 avant Jésus Christ. La proximité avec le fleuve
facilite les échanges avec toute la France. Lutèce devient alors la ville des Parisii. Ceux-ci construisent des ponts qui
font le lien entre le nord et le sud du pays. On peut en voir la trace dans Z'aqueducs (1996), tandis que Paris avait soif (1973) retrace l'histoire de l'eau depuis l'Antiquité.
Les Romains entrent à Lutèce en -53 avant Jésus Christ. Le film Les thermes du musée de Cluny (1985) évoque ce que fut la vie à cette époque. La ville est alors construite entre l'île de la Cité (sur la Seine) et la
montagne Sainte-Geneviève (à l'abri des inondations). Les arènes de Lutèce et les thermes de Cluny sont les seuls vestiges
encore visibles de cette époque. Peu de films existent sur cette période, sauf quelques documentaires sur les fouilles archéologiques.
Une nécropole mérovingienne est découverte par un promoteur dans Concession à perpétuité (1997). La crypte archéologique du parvis de Notre-Dame permet également de reconstituer l'Histoire de Paris à différentes
époques dans Mémoire insulaire (1984).
Lutèce devient définitivement Paris au Ve siècle après Jésus Christ.
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Sous le règne de Philippe Auguste, Paris est réellement la capitale du Royaume. La ville est alors étendue autour de fondations
religieuses : Saint-Germain-des-Prés, Sainte-Geneviève et Saint-Marcel sur la rive gauche, Saint-Gervais, Saint-Germain-de-l'Auxerrois
et Saint-Martin-des-Champs sur la rive droite. Paris s'entoure de remparts pour se protéger des invasions. Les enceintes de Paris (1968 et 1984) rend compte de ces fortifications. En 1986, les fouilles du Louvre ont mis au jour les vestiges de l'ancienne
forteresse de Philippe Auguste, comme en témoigne Le château enterré.
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L'Histoire au cinéma ne commence vraiment qu'au Moyen Age, lorsque le cinéma rencontre des formes littéraires capable d'inspirer
des scénarios. Notre-Dame-de-Paris de Victor Hugo, plusieurs fois adapté à l'écran, met en scène la cathédrale et la cour des Miracles. Autres adaptations littéraires recréant l'époque médiévale, les romans
d'Alexandre Dumas et, en particulier, La tour de Nesle dont Abel Gance réalise en 1954 une brillante adaptation. Dix ans plus tard, la version de François Legrand est un film de cape et d'épée libertin et romantique.
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Le Moyen Age au cinéma, outre les films de chevalerie et de croisade, correspond à une représentation de la religion chargée
de foi et de ferveur mystique (de nombreuses Jeanne d'Arc ont été transposées à l'écran). Cependant, quelques films retracent
la vie quotidienne à l'époque médiévale. L'étonnant Boulevard du cri (1987) propose un inventaire des cris lancés par les marchands et les artisans dans les rues de Paris depuis l'époque médiévale.
Dans un autre registre, Les rosiers du Marais (2000) relate l'histoire de la population juive parisienne du Moyen Age à la Révolution française.
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Paris et l'Ile de France bénéficient de cette "tranfusion "culturelle que l'on retrouve dans tous les films qui se passent à cette période. C'est le temps de la reconstruction du Louvre
par François Ier, Henry IV et Louis XIII et de la construction de Versailles par Louis XIV.
La Renaissance au cinéma, pourtant, n'est pas toujours radieuse. Des résurgences du passé médiéval moribond sont visibles
lors des guerres de religion. Les diverses adaptations de La reine Margot, d'après l'œuvre d'Alexandre Dumas, en rendent compte. La nuit du 24 août 1572, également appelée la nuit de la Saint-Barthélémy, est extrêmement sanglante.
Paris traverse une période de troubles sociaux et politiques, d'émotions populaires et de combats de rue.
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Le règne de Louis XIII (première moitié du XVIIe siècle) donnera au cinéma de cape et d'épée, dans les années cinquante et
soixante, ses heures de gloire. Le développement de ce genre cinématographique coïncide avec une meilleure diffusion de la
couleur et des écrans grands formats. Les films de cape et d'épée sont des reconstitutions historiques et souvent des adaptations
d'œuvres littéraires du XIXe siècle, le genre étant alors très en vogue.
Le Louvre n'est pas forcément très présent dans ces films, contrairement à Versailles plus tard. Pourtant, c'est l'époque
des reconstructions, des agrandissements et des réaménagements de la demeure royale. On parle de l'âge d'or du Louvre jusqu'en 1678, quand Louis XIV choisit de déménager le centre du pouvoir hors de Paris.
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Toujours d'Alexandre Dumas, Les trois mousquetaires a été très souvent transposé à l'écran. La version d'André Hunebelle (1953) allie la machination politique de Richelieu à l'humour grâce aux dialogues de Michel Audiard et à la présence de Bourvil.
Sur fond de luttes de pouvoir et de complots politiques, les personnages de l'Histoire réelle ou imaginaire sont traités avec
panache, romantisme et légèreté. C'est le cas dans Le Capitan (1960) du même André Hunebelle avec Jean Marais (en jeune noble séduisant) et Bourvil (en baladin attachant), ainsi que dans
les divers Cyrano librement inspirés de l'œuvre d'Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac (1960) de Claude Barma, une comédie romantique, et Cyrano et d'Artagnan (1964) où Abel Gance fait se rencontrer deux personnages légendaires.
Les heures de gloire du film de cape et d'épée s'achèvent dans les années soixante-dix, au moment du face-à-face entre le
spectateur et l'histoire immédiate que relaie la télévision (guerre du Viêt-nam et Mai 68). En 1997 pourtant, Le bossu de Philippe de Broca, adapté du roman de Paul Féval, renoue avec la tradition du genre.
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Né de la volonté d'un roi ambitieux, Versailles affirme les principes de monarchie absolue de droit divin. Louis XIV, qui
souhaite illuminer le monde, est appelé le Roi Soleil. Le film documentaire que Jean Vidal réalise en 1958 (Le Roi Soleil) évoque sa vie et son règne. Roberto Rossellini dépeint l'époque dans son film La prise du pouvoir par Louis XIV tourné en 1966 pour la télévision française. Ce grand cinéaste italien donne une autre approche, quasi-ethnologique, de la
conception du pouvoir absolutiste.
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Le XVIIe siècle au cinéma met en évidence la force du pouvoir politique monarchique, et aussi l'arrogance, la désinvolture
et le luxe de la vie à Versailles. La cour se donne en spectacle et donne des spectacles, mélangeant ainsi illusion et réalité.
Sacha Guitry en fait un portrait acerbe dans ses films. Le théâtre est à la fois sur scène et autour du Roi. Le meilleur représentant de cet effet de miroir est Molière. Ariane Mnouchkine dans son Molière (1978) raconte la vie d'un des plus grands dramaturges, mettant en évidence la modernité de son œuvre. On y découvre le quotidien
des saltimbanques au XVIIe siècle, le rapport que Molière entretient avec le pouvoir en tant qu'artiste officiel : l'auteur
a mis en scène ses propres déboires sentimentaux et ses rapports, parfois conflictuels, avec le Roi.
Un tel luxe et une telle désinvolture ne laissent pas indifférent. La vie au temps du Roi Soleil (1980) d'Olivier Gérard dresse le tableau de la vie des Parisiens sous le règne de Louis XIV. D'autres films retracent les
débuts de la décadence royale sous Louis XVI comme Ridicule (1996) où Patrice Leconte dénonce la férocité et la vacuité de l'aristocratie. Les philosophes ne tardent pas non plus à
discréditer le Roi.
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Le siècle des Lumières est un tournant capital et déterminant pour l'Histoire de France et, par extension, du monde. Les principes
qui proclament la souveraineté du peuple, en privilégiant l'usage de la raison, serviront de modèle à de nombreuses révolutions
et de base à l'ensemble des activités humaines.
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Le mépris de la cour ressenti par la population parisienne, l'accroissement des privilèges provoquent une agitation de plus
en plus grande. La révolte gronde, le peuple se soulève guidé par le tiers état. L'événement déclencheur de la Révolution
française est la prise de la Bastille le 14 juillet 1789. Paris reprend alors le premier rôle dans l'histoire politique française.
Jean Chérasse et Abel Gance réalisent un documentaire en 1967 retraçant les débuts de la Révolution : Valmy, la chute d'un royaume. Curieusement, cet épisode capital de l'Histoire est peu montré au cinéma, sauf sous forme allusive. Ralph Thomas, cinéaste
américain, raconte une histoire d'amour sur fond de Révolution, dont l'un des héros est emprisonné à la Bastille : A tale of two cities (1958). Autre point de vue de l'étranger, Eric Rohmer évoque quatre ans de la Révolution à travers le regard d'une aristocrate
anglaise, dans L'Anglaise et le duc (2001).
L'événement clé de cette période de l'Histoire est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen le 26 août 1789. S'inspirant
des idées des philosophes (Monsieur de Voltaire de Roger Leenhardt, 1964 ; Diderot de Jean Vidal, 1967), elle exprime l'idéal révolutionnaire de liberté, d'égalité et de fraternité.
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La période révolutionnaire est aussi le prétexte pour quelques cinéastes de faire des films engagés ou militants. C'est le
cas d'Ariane Mnouchkine qui réalise un film à partir de la pièce 1789, qu'elle monte en 1974. Elle y évoque les débuts de la Révolution française jusqu'à la fuite du Roi à Varennes. Ce film et
cette pièce sont le point de départ de ses engagements politiques et de sa conception militante du théâtre. C'est aussi avec
cette pièce qu'elle commence son séjour à l'ancienne Cartoucherie royale de Vincennes (tout un symbole).
En 1937, Jean Renoir réalise une apologie de la liberté en faisant les louanges du peuple français dans La Marseillaise, tourné en plein Front populaire. Il s'agit, en quelque sorte, d'une commande du Parti Communiste, auquel il appartient à
l'époque, pour gagner des électeurs. Son film est aussi l'illustration de la naissance de l'hymne national créé par Rouget de l'Isle.
Ces deux œuvres montrent comment le film historique, en particulier sur cette époque révolutionnaire, parle tout autant de
la période racontée que du moment où il a été réalisé.
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La Première République est proclamée le 21 septembre 1791, ce qui signifie la fin de la monarchie constitutionnelle. Le couple
royal est arrêté puis guillotiné en 1793.
Autres figures politiques fortes qui mènent les débats au parlement et qui jouent un rôle essentiel dans le renversement de
la monarchie, Danton et Robespierre sont aussi largement exploités au cinéma. Ils président tour à tour la Convention en 1793. Le premier sera dénoncé par le
second, tous deux seront guillotinés en 1794. A propos de guillotine, Profession bourreau (2001) de Patrick Cabouat retrace l'histoire du métier d'exécuteur jusqu'à l'abolition de la peine de mort en 1981.
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Alors qu'il est à la tête de l'armée française, Bonaparte prend le pouvoir à Paris par le coup d'Etat du 18 Brumaire, le 9
novembre 1799. Il établit un nouveau gouvernement dans lequel il devient le Premier consul, ce qui lui donne tous les pouvoirs.
Personnage controversé, il est considéré par certains comme l'héritier naturel de la Révolution française et le sauveur d'une
France aux abois, et par d'autres comme le fossoyeur de la Révolution. Jean Vidal retrace l'histoire de Bonaparte (1960) jusqu'à son couronnement.
Le 2 décembre 1804, Bonaparte devient l'Empereur Napoléon, sacré à Paris par le pape. C'est la naissance du Premier Empire.
Le cinéma s'empare de ce personnage unanimement respecté dans le cinéma français, tandis qu'il est plutôt considéré comme
un orgueilleux et comme un dictateur dans les créations étrangères. Sacha Guitry dans Napoléon (1955) raconte l'épopée napoléonienne dans un portrait élégant, subtile et drôle.
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En 1815, après la défaite à Waterloo, Napoléon est déporté dans l'île de Sainte-Hélène au milieu de l'Atlantique. Il meurt
en 1821.
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A cette époque, les idées républicaines sont bien mises à mal. Les crises (économiques, sociales, politiques) se succèdent.
Les régimes passent et changent, entre de nouvelles volontés d'imposer des convictions monarchiques (Louis XVIII et la Restauration)
et d'autres révolutions (celle de 1848 proclame la Seconde République). La presse voit son pouvoir augmenter, elle est donc
souvent censurée. C'est aussi à cette époque que la population parisienne croît considérablement, en raison de l'immigration
régionale massive vers Paris et de l'annexion de la petite banlieue. A partir de 1853, le baron Haussmann sculpte la ville.
La complexité et les problèmes politiques sont tels que le cinéma évoque moins les événements politiques que les difficultés
sociales, quotidiennes, et dresse des portraits de personnalités pas forcément liées au pouvoir. Les "vraies gens" sont davantage cinégéniques que les responsables politiques. L'époque n'est plus aux épopées ni aux fastes. Une série documentaire
réalisée par Philippe Prince en 1978 retrace Cent ans de vie sociale à Paris.
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De nouveau, le cinéma se tourne vers la littérature pour trouver des sujets et un style. Le romantisme, suivi du réalisme
et du naturalisme, sont les grands courants littéraires du XIXe siècle. Ainsi, les œuvres de Victor Hugo, d'Honoré de Balzac
et d'Emile Zola, entre autres, sont une importante source d'inspiration pour les cinéastes. L'œuvre de Balzac, La comédie humaine, est plusieurs fois adaptée sur le grand ou le petit écran. L'auteur y décrit la vie et les mœurs de Paris au début du siècle.
Les misérables de Victor Hugo ont été aussi de très nombreuses fois adaptés. Dans son œuvre, plus mélodramatique que Balzac, l'auteur met en scène la misère
et le sordide des classes laborieuses qui vivent aux côtés de la bourgeoisie. La prostitution, la tuberculose et l'alcoolisme
ravagent alors le peuple. Les transpositions à l'écran de l'œuvre d'Emile Zola traduisent parfaitement ces conditions de vie terribles. C'est le cas dans Gervaise que René Clément tourne en 1955, ou dans les différentes versions de Nana réalisées par Jean Renoir en 1926 et par Christian-Jaque en 1954.
Ces auteurs décrivent des conditions de vie particulièrement difficiles pour les plus pauvres au XIXe siècle. Ils prennent
aussi une part active dans la vie politique française. A la fin du XIXe siècle, Emile Zola sera un fervent défenseur d'Alfred
Dreyfus dans l'affaire qui portera son nom. Sur ce sujet, Stellio Lorenzi réalise une fiction en 1978 : Emile Zola ou la conscience humaine.
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Au cinéma, cet événement a plus inspiré par l'idéologie révolutionnaire que par les faits purement historiques. Le premier
film documentaire qui traite de cette période est Commune de Paris, que Robert Ménégoz, proche du Parti communiste, réalise en 1951. Ce film militant, tourné en pleine guerre froide, se veut
pédagogique. Cette relation entre l'Histoire et le présent est tout à fait intéressante, au même titre que La Marseillaise de Jean Renoir en 1937, sur la Révolution française.
Dans le même sens, Michèle Gard réalise, en 1972, La Commune, Louise Michel et nous. Dans ce film documentaire, la cinéaste met en relation le rôle qu'à joué Louise Michel dans cet événement et dans les luttes
du XXe siècle, en particulier celles des femmes. En 1999, Peter Watkins tourne une fiction, La Commune, Paris 1871, dans laquelle les personnages ne sont pas comédiens. En revanche, ils sont tous concernés d'une manière ou d'une autre par
le rôle qu'ils tiennent, en raison de leur vie personnelle, de leur engagement politique, etc.
La troisième République n'est pas morte. Paris se relève et connaît à nouveau, un climat de prospérité. Les expositions universelles
se tiennent à Paris, les fêtes populaires croient. Jules Ferry, ancien maire de Paris avant la Commune, est président du Conseil
lorsqu'il fait voter par l'Assemblée nationale en 1881 la loi sur l'école laïque, obligatoire et gratuite. Jacques Rouffio
fait son portrait dans Jules Ferry, une fiction de 1993.
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Le XXe siècle débute dans l'euphorie. C'est la raison pour laquelle on appelle cette période de l'Histoire la "Belle Epoque". Ce terme est pourtant remis en cause par Stanislas Choko dans Quelle Belle Epoque ? (1980). Ce documentaire militant est un réquisitoire qui démontre que cette période est abusivement dénommée ainsi, au regard
des revendications ouvrières et des répressions.
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Cependant, il s'agit d'une période très créative. Paris devient l'un des pôles mondiaux du dynamisme économique et culturel.
L'Exposition universelle de 1900 en est la meilleure vitrine. Plusieurs films existent sur cette manifestation, dont de nombreuses
vues Lumière (L'Exposition universelle, 1900) et actualités Gaumont (L'Exposition universelle de 1900, 1900). Marc Allégret aussi a fait un montage de films Lumière dans Exposition 1900 (1966).
La multiplication de ces manifestations symbolise également le développement des loisirs. Les théâtres, les bals, les cabarets
de music-hall se multiplient. La population se distrait. Jean Renoir dans French Cancan (1954) raconte le début du Moulin-Rouge, l'un des plus grands cabarets parisiens, restituant l'ambiance des nuits à Montmartre,
entre bohème et fièvre du spectacle. Les bals et les guinguettes populaires se développent aussi. Dans Casque d'or (1952), Jacques Becker raconte le Paris populaire de ce début de siècle entre "apaches" et prostituées. La vie dans les bistrots et les cafés parisiens est aussi régulièrement montrée au cinéma (Le petit café de François Gir, 1967).
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Un film témoigne parfaitement de cette époque : Paris 1900 que Nicole Vedrès réalise en 1948. Par une succession d'images d'archives et d'extraits de films, la cinéaste évoque la vie mondaine, politique,
sociale et artistique de la Belle Epoque. Elle montre, qu'en réalité, cette fuite en avant vers le progrès, la modernité et
l'insouciance mènent directement à l'effroyable et au carnage.
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La Grande Guerre est la première à avoir été filmée depuis l'invention du cinéma. Aux alentours de 1910, Pathé, suivi de Gaumont
et Eclair, lancent leurs premiers journaux filmés. De nombreuses archives de ces journaux sont visibles au Forum des images. C'est la première fois que l'on assiste à l'Histoire
au présent. Parallèlement au développement considérable des salles de projection, le cinéma comme outil de constitution de
la mémoire collective tient très vite un rôle pédagogique vers l'ensemble de la population. Il devient un instrument de propagande
: le pouvoir sent l'impact d'un tel outil, contribuant ainsi a créer un consensus national, mystifiant l'idée de patrie. Une
sélection de films tournés dans le cadre des actualités cinématographique des Armées montre la vie à Paris à cette époque
: Paris 14-18.
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Le cinéma trace aussi le portrait de quelques femmes qui ont marqué l'Histoire pendant cette période de guerre. Jean-Louis
Richard tourne en 1964 Mata-Hari agent H21, avec Jeanne Moreau. Il raconte une histoire d'amour entre cette femme, espionne pour les Allemands, et un officier français.
La femme française, réalisé en 1968 par Jean-Loup Berger pour la série 50 ans de cinéma aux armées, montre les activités exercées par les femmes pendant la guerre.
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L'imaginaire des cinéastes de fiction donnent de cette période une image plus forte. C'est le cas, notamment, de René Clair
lorsqu'il tourne Paris qui dort en 1923. Noël Herpe résume le film ainsi : "La capitale, immobilisée par un rayon maléfique, est vouée au bon plaisir de quelques îlotes repliés en haut d'une tour Eiffel/tour
d'ivoire : jolie métaphore d'une cité pétrifiée par la Grande Guerre - et que le cinéma seul va pouvoir remettre en marche" (Le Paris de René Clair, par Noël Herpe).
Malgré le désastre, la reconstruction du pays est rapide : on reconstruit les villes, on modernise les industries. Ça va
d'autant plus vite à Paris que la capitale n'a été que peu touchée par la guerre. La population désire oublier très vite les
années sombres et faire de cette période le prolongement de la Belle Epoque. Les années vingt sont alors appelées les années
folles.
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Dans cette reconstruction, les femmes s'émancipent. Elles prennent de plus en plus la place des hommes (un très grand nombre
d'entre eux a disparu pendant la guerre). Elles travaillent dans les banques, les administrations, les usines. Francis Girod,
dans La banquière (1980), raconte l'histoire d'une jeune femme issue d'un milieu modeste qui devient responsable d'une banque et d'un journal
financier.
Les mœurs et les modes se libèrent également. C'est ce que montre Jean de Limur en 1936 dans Jalousie. Les femmes quittent leur corset, se coupent les cheveux, portent des pantalons. L'allure "garçonne" est alors très en vogue. Actrice emblématique de cette période, Louise Brooks est l'héroïne de Prix de beauté (1930) d'Augusto Génina.
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Les loisirs et la culture aussi se développent. Paris est le grand point de rencontre des artistes, des écrivains et des musiciens.
C'est la grande époque de Montparnasse. Dans tout Paris, les gens assistent à des spectacles, vont au cinéma, visitent des
expositions, vont danser, comme en témoigne le documentaire de Jean-Pierre Beaurenaut Paris musette (1993).
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L'heure est à l'exotisme tel qu'on peut le voir au music-hall, dans les spectacles de Mistinguett et de Joséphine Baker. En
1931, l'Exposition coloniale se tient à Paris. C'est l'occasion pour les Parisiens et l'Etat français de se réjouir de la grandeur et de la splendeur
de l'Empire colonial, et aussi de la "supériorité visible" de la population blanche sur les autres.
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Plusieurs films retracent cet événement. La plupart d'entre eux sont commandités par le Parti communiste. En 1937, Jean-Paul
Dreyfus (pseudomyne de Jean-Paul Le Chanois) réalise Le temps des cerises, une fiction destinée à faire connaître les positions du Parti. En 1936, Jean Renoir tourne La vie est à nous. Documentaires, fictions et actualités se mêlent dans ce film militant en forme de cinétract, témoignage enthousiaste sur
une époque. L'élément original du film c'est la participation, dans leur propre rôle, des dirigeants du Parti communiste.
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La Seconde Guerre mondiale éclate en septembre 1939. Les troupes allemandes envahissent très vite la France, alors contrainte
de signer l'armistice le 22 juin 1940. Dans Le temps détruit (1986), Pierre Beuchot confronte les lettres que trois soldats écrivent à leur femme pendant cette guerre (l'écrivain Paul
Nizan, le compositeur Maurice Jaubert et l'ouvrier Roger Beuchot).
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La guerre finie, l'innommable reste à venir. La défaite et l'Occupation entraînent la chute de la troisième République. Un
nouveau gouvernement se met en place, dirigé par le maréchal Pétain. Le régime réactionnaire de Vichy (l'Etat doit quitter
Paris occupé) entre en collaboration avec l'Allemagne nazie. Les collabos 1940-1944, que Patrick Rotman réalise en 1997, témoigne de ces relations entre le gouvernement et l'occupant. Outre la collaboration
de l'Etat français, une certaine population parisienne pactise aussi avec l'ennemi. Claude Autant-Lara décrit dès 1956 la
lâcheté de quelques-uns dans La traversée de Paris. Francis Porret, cinéaste amateur, filme des scènes quotidiennes à Paris entre 1940 et 1944 dans Libération.
Le film qui permit de poser un regard démystifié sur l'Occupation est Le chagrin et la pitié que Marcel Ophuls réalise en 1969. En effet, grâce à des interviews d'acteurs de la résistance et d'anciens collaborateurs,
"le film a contribué à la remise en cause de quelques mythologies tenaces et à l'examen critique des représentations cinématographiques
de la France occupée, en faisant affleurer enfin bien des non-dits" (Marcel Oms, L'Histoire de France au cinéma, in CinémAction, Hors série, 1993).
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Très vite des mouvements de résistance entrent en action. C'est le cas, en particulier, du général de Gaulle qui lance un
appel à résister à l'occupant et au gouvernement de Vichy dès le 18 juin 1940, depuis Londres, où il s'est réfugié. Le film
de Jean Labib, De Gaulle ou l'éternel défi. 1- Le rebelle (1987), souligne l'opposition entre de Gaulle et Pétain. Certaines actions de résistance sont aussi le fait de groupes de
militants politiques ou de simples "petites gens". De nombreux films le montrent comme Les p'tits soldats, deux adolescentes dans la résistance (1997). Les cinéastes de la Nouvelle Vague évoquent aussi cette période noire de leur jeunesse, en particulier François Truffaut
qui tourne son dernier film en 1980, Le dernier métro. Le Cinéma de l'ombre (1984) de Pierre Beuchot, analyse très justement la façon dont le cinéma traite les questions de résistance.
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La ville est très peu détruite par les Allemands. Paris est libéré le 28 août 1944 grâce aux mouvements de résistance et aux
armées française et américaine. A propos de la Libération de Paris est une série de témoignages de personnalités qui ont participé à cet événement.
Marcel Carné tourne dès 1946 Les portes de la nuit, sur un scénario de Jacques Prévert. Ce film est une description réaliste de la vie à Paris au lendemain de la Libération.
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Comme au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'élan de remise sur pied du pays est rapide et vigoureux. Le gouvernement
provisoire instaure la sécurité sociale, le droit de vote est accordé aux femmes, etc. Notre Histoire. 1- La République des illusions (1993) de Chantal Desanges retrace les débuts de la quatrième République en 1946.
C'est le commencement de la guerre froide. Les deux blocs Est/Ouest se font face. Les Etats-Unis deviennent la première puissance
mondiale. Grâce à eux et au plan Marshall (de 1948 à 1952), l'économie française reprend. Les trois décennies suivantes sont
définies comme les "trente glorieuses". La population a de nouveau confiance en l'avenir, comme en témoigne la reprise de la natalité : le baby-boom. Une nouvelle
société émerge : la société de consommation et la société industrielle. Dans ses films, Jacques Tati en propose une vision
drôle et critique. C'est le cas notamment dans Trafic, qu'il réalise en 1970.
Les banlieues se développent en même temps que l'urbanisation pour faire face à l'accroissement du nombre d'habitants. C'est
l'époque de la construction des cités HLM, symboles de la démocratisation du confort moderne. Quarante mille voisins que Pierre Tchernia réalise en 1960 pour 5 Colonnes à la une, est très éloquent. Maurice Pialat, par contre, émet déjà quelques critiques sur ce nouveau mode de vie dans L'amour existe (1961).
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La fin des années cinquante marque aussi le début de la décolonisation. Elle commence par la guerre d'Indochine où la France
capitule en 1954. La même année, débute l'insurrection en Algérie, dans les Aurès. Dans une série de cinq films documentaires,
Peter Batty retrace l'histoire de La guerre d'Algérie (1984). L'une des journées parisiennes les plus sanglantes est celle du 17 octobre 1961. Les Algériens de Paris ont été battus et jetés à la Seine pour plusieurs dizaines d'entre eux, lors d'une manifestation
pacifique.
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Dans ce contexte, le général de Gaulle, qui avait quitté le pouvoir dès 1946, est rappelé en 1958 par le Président René Coty pour prendre la tête du gouvernement.
Il élabore une nouvelle constitution qui sera adoptée. La cinquième République nait ainsi sur fond de trouble algérien. De
Gaulle devient Président de la République. Les accords d'Evian, qui donnent l'indépendance à l'Algérie, sont signés en 1962.
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Face au pouvoir politique et au pouvoir de la famille, la population nourrit des rêves d'indépendance, de liberté de mœurs,
d'émancipation des femmes. En Mai 1968, les lycéens et étudiants (enfants du baby-boom) se révoltent et font grève. Ils seront très vite suivis par la classe ouvrière.
La révolte est telle (on parle de Révolution) que le pouvoir est mis à mal. De Gaulle dissout l'Assemblée nationale et sera
contraint de quitter le pouvoir en 1969. Chris Marker, dans Le fond de l'air est rouge. Révision 1997 (1997), décrit les désirs et les espoirs immenses du moment, et les désillusions à venir.
Pourtant, Mai 68 n'a pas bouleversé le monde comme les militants le souhaitaient et le croyaient. Cette époque a toutefois
permis à quelques-uns de changer leur regard sur le monde et sur leur vie. C'est ce que Louis Malle montre dans Milou en mai (1990).
Ces temps étant très proches de nous, la limite de l'Histoire au cinéma est atteinte. En effet, sauf pour les films de reconstitution
historique, le cinéma contemporain ressemble davantage à une enquête sociologique et traite de questions de société qui deviendront,
à leur tour, historiques.
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février 2004
mise à jour 21 novembre 2008
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