Parcours
Les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 Juifs, dont 5 802 femmes et 4 051 enfants, sont arrêtés à Paris par la police française
sous les ordres du gouvernement de Vichy. Ils sont rassemblés dans l'enceinte du Vél d'Hiv (l'ancien Vélodrome d'Hiver), puis
à Drancy, avant d'être déportés dans des camps d'extermination nazis. La télévision, puis le cinéma, vont peu à peu témoigner
de cette arrestation tragique.
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Le film Traces d'un Paris Yiddish décrit la vie de cette population à la veille de la guerre, dans le Marais, à Belleville et autour de la Bastille. La richesse
de la culture yiddish, le haut degré de politisation des membres de cette communauté et leur engagement contre le fascisme
y sont tout particulièrement soulignés.
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En France, l'antisémitisme réapparaît dans les années 1930. Dans les films français de cette époque, les Juifs sont considérés
comme des êtres différents : ce ne sont résolument pas de "vrais" Français. S'il est rare que les personnages soient explicitement nommés comme étant "juifs", les sous-entendus et les stéréotypes abondent, qu'ils fassent référence à des caractéristiques physiques, des sonorités
marquées ou des activités professionnelles (tailleur, banquier ou producteur de cinéma).
Dès 1969, dans Le chagrin et la pitié, important documentaire sur l'Occupation, Marcel Ophuls aborde cette question de l'antisémitisme en insérant des extraits
des actualités cinématographiques de cette époque, ainsi qu'un extrait du Juif Süss, réalisé en 1941 par le cinéaste nazi Veit Harlan.
A partir de l'automne 1940, les mesures anti-juives se multiplient, non seulement à Paris, mais aussi dans l'ensemble de la
France. Les Juifs sont recensés ; leurs naturalisations sont révisées. Le 3 octobre 1940, la notion de "race juive" est officiellement instituée. Les Juifs sont dès lors exclus de nombreuses professions, entre autres de la fonction publique.
Le Préfet de police est par ailleurs autorisé à interner les Juifs étrangers dans des camps. Cette mesure est suivie de la
première arrestation collective, au printemps 1941, qui frappe 3747 Juifs étrangers, exclusivement des hommes.
A compter de juin 1942, à Paris et en zone occupée, les Juifs âgés de plus de six ans doivent obligatoirement porter l'étoile
jaune en public. Au moment de la rafle du Vél d'Hiv, les autorités occupantes imposent également une ségrégation dans les
lieux publics, les magasins, les salles de spectacles et les transports en commun. Dans le métro, les Juifs sont ainsi obligés
de monter dans le dernier wagon.
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Plusieurs films ont été réalisés sur le camp de Drancy : de Cité de la muette à Drancy avenir, en passant par Belleville-Drancy par Grenelle, ces documents sont autant de pélerinages initiatiques sur ce lieu chargé de mémoire.
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C'est pourtant bien là, qu'en juillet 1942, 8000 personnes attendent pendant près d'une semaine, dans des conditions de forte
insalubrité, leur transfert vers un camp du Loiret. Les internés dorment assis sur des bancs ou couchés par terre. Rien n'est
prévu pour se laver. Les toilettes sont vite bouchées. Aucun ravitaillement n'est organisé les premiers jours.
Dans La rafle du Vél d'Hiv, 50 ans après, la voix de Sami Frey rappelle les faits avec des témoignages qui se succèdent et évoquent l'horreur de cette journée du
16 juillet 1942, l'importance du souvenir et la responsabilité de la police française.
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Quel objectif poursuivaient les autorités occupantes en laissant le soin à l'administration française d'organiser cette rafle
dans les moindres détails ? Pourquoi le gouvernement de Vichy a-t-il pris l'initiative, pour la première fois, d'arrêter des
femmes, des enfants et des personnes âgées? Ces questions ont soulevé, et soulèveront encore, de nombreuses polémiques.
Le rôle et l'attitude de la police française dans l'organisation de cette arrestation de masse ont marqué profondément les
mémoires, comme en témoigne en particulier le film La rafle du Vél d'Hiv, 50 ans après, car il s'agit, quantitativement, de la rafle la plus importante organisée en France pendant l'Occupation.
"Cette rafle, note Claude Singer, marque par ailleurs un tournant dans la persécution des Juifs en France car, à partir de
l'été 1942, les arrestations et les déportations se multiplient tant d'ailleurs en zone occupée qu'en zone non occupée. [...]
Quoiqu'il en soit, la grande rafle du 16-17 juillet 1942 remet en question le mythe de l'autonomie et donc de la légitimité du gouvernement de Vichy. En effet,
ce sont clairement l'administration et la police française, certes à l'initiative des Occupants mais sous les ordres directs
de Pétain, Laval et Bousquet, qui organisent et mènent à bien les arrestations. [...] Nulle part [...] les occupants n'ont
bénéficié d'une aide et d'un soutien si poussés de la part des pouvoirs publics." (Programme du Forum des images, juin-juillet 2002)
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De nombreux films conservent la mémoire de cet événement, rappellant le souvenir des disparus ainsi que les circonstances
et les conséquences tragiques de cette arrestation massive.
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Chacun de ces témoignages porte la trace du passé, notamment les archives qui proviennent pour la plupart de sources ennemies.
Les Actualités mondiales, créées et contrôlées par l'occupant, sont des images totalement tronquées, falsifiées. Les images de l'inauguration de l'exposition
Le Juif et la France en 1941, présentées dans le cadre de ces actualités, rendent tout particulièrement compte des méthodes de la propagande allemande
(Actualités mondiales. Août et septembre 1941).
Autre signe révélateur de la censure : une unique photographie subsiste de la rafle du Vél d'Hiv, conservée aujourd'hui à
la photothèque de la Bibliothèque historique de la ville de Paris. Ce cliché représente les cars de la "section spéciale" garés le long du Vélodrome d'Hiver. Prise en légère plongée, cette photographie dégage un grand sentiment de vide.
La censure, l'indifférence, ou encore l'ignorance de cet événement dureront de longues années. En 1961, lorsque Frédéric Rossif
et Guy Blanc tournent un documentaire sur le Vélodrome d'hiver à la veille de sa fermeture (Vél d'Hiv), seules sont évoquées les activités sportives qui s'y déroulaient. Pourtant, Frédéric Rossif est un documentariste qui sera
reconnu par la suite pour avoir "réveillé les mémoires" avec un film comme De Nuremberg à Nuremberg.
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Des récits autobiographiques plus longs complètent ces paroles éparses. Dans 1942, document pudique et émouvant, une voix de femme raconte ses souvenirs de petite fille juive bouleversée par la montée du
nazisme. Les images, vieilles photographies familiales ou rues parisiennes désertes, portent la trace des parents disparus
dans les camps de la mort.
Ces récits personnels sont l'occasion d'une confrontation de la mémoire individuelle à la mémoire collective. C'est dans cet
état d'esprit que Rue Ordener, rue Labat relate, comme une rencontre posthume, le pèlerinage solitaire de la réalisatrice partie sur les traces de Sarah Kofman, auteur
d'un ouvrage autobiographique sur son enfance parisienne durant l'Occupation.
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D'Un sac de billes aux Années sandwiches, bon nombre de fictions prennent également pour thème le parcours d'enfants ou d'adolescents juifs devenus orphelins pendant
la guerre. Ces films évoquent souvent un traumatisme : celui de la séparation avec la famille. Michel Drach, dans Les violons du bal, se confronte avec douleur à un tel passé en mettant en parallèle la reconstitution historique de ses souvenirs d'enfance,
tournée en couleur, avec sa difficulté à réaliser son film, tournée en noir et blanc.
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Tous ces films, documentaires ou fictions, répondent à leur manière au silence officiel qui fut si longtemps observé autour
de cet épisode honteux de la collaboration. Ce sont autant d'outils contre la haine, le crime et l'oubli, dont certains posent
directement la question de la transmission de ce douloureux souvenir. Ainsi, dans Héritages, Daniel et Pascal Cling soulignent l'importance de la parole à travers des témoignages bouleversants de rescapés, confrontés
à leurs enfants et petits-enfants.
La transmission passe aussi par la reconnaissance institutionnelle et la commémoration, qu'il s'agisse de la réalisation de
sculptures (Walter Spitzer), de plaques (Secret d'expéditions isolées dans la profondeur du souvenir) ou de l'organisation de manifestations (Zakhor n'oublie jamais).
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42, été meurtrier
de Daniel Leconte
documentaire, 1998, 58min
La rafle des enfants d'Izieu
de Christian Delage
documentaire, 1994, 25min
Sans oublier les enfants
de Gilles Chevalier
documentaire, 1993, 52min
de Simone Boruchowicz
documentaire, 1987, 12min
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Les grandes rafles de Juifs en France, par Claude Singer (extrait des "Chemins de la mémoire", juillet-août 2002) | |||||||
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Années 1940 (1) - Paris Allemand, par Michèle Lagny | |||||||
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Années 1940 (3) - La Libération de Paris, par Michèle Lagny | |||||||
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Bibliothèque historique de la ville de Paris (BHVP) : http://bspe-p-pub.paris.fr/Portail/Site/ParisFrame.asp?lang=FR | |||||||
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Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : http://www.memorial-cdjc.org | |||||||
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Institut de la mémoire audiovisuelle juive : http://www.imaj.be | |||||||
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Musée de la Résistance : http://www.musee-resistance.com | |||||||
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juillet 2002
mise à jour 22 novembre 2008
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