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Parcours
L'équipe Carné-Prévert
par François Porcile
P9
Le jour se lève de Marcel Carné
collection Paris Île-de-France
Au cours des années trente, de nombreux talents du cinéma français se sont réunis autour de Marcel Carné et de Jacques Prévert : le trio Arletty-Jules Berry-Jean Gabin, le décorateur Alexandre Trauner et le compositeur Maurice Jaubert.


Rencontres
 

Cette "belle équipe" s'est formée, soudée, épanouie au long des années trente. En août 1932, aux studios de Joinville, Maurice Jaubert a rencontré les frères Prévert lors du tournage de L'affaire est dans le sac. Il en a composé la partition poétique et sarcastique, avant d'écrire, avec la complicité de Jean Grémillon, la valse A Paris, dans chaque faubourg… du film Quatorze juillet de René Clair, dont l'assistant, pour son premier film "100% parlant et chantant"Sous les toits de Paris (1930), s'appelait Marcel Carné, et l'assistant décorateur, Alexandre Trauner.

Assistant pour Pension Mimosas (1934) de Jacques Feyder - comme Trauner aux décors -, Carné découvre Arletty dans un petit rôle, et sa future Margaret Molyneux de Drôle de drame (1937), Françoise Rosay. Drôle de drame, où Carné s'entoure de Prévert, Jaubert, et d'un nouveau chef-décorateur qui va construire l'espace du réalisme poétique français, Trauner.

Quelques mois plus tard, le quatuor se reforme à l'occasion du Quai des brumes, où "l'ignoble Molyneux" de Drôle de drame, Michel Simon, réapparaît sous les traits du boutiquier libidineux Zabel ; ce sont aussi, pour Jaubert, des retrouvailles avec le père Jules de L'Atalante de Jean Vigo (1934).

A l'automne 1938, le quatuor devient trio pour Hôtel du Nord, Prévert cédant la place à Henri Jeanson pour les dialogues. Mais le film bénéficie de la présence éclatante d'Arletty avec son fameux "Atmosphère ! …", en même temps qu'on y retrouve, en amoureux désespéré et maquereau cynique, le laitier et l'évêque de Drôle de drame, Jean-Pierre Aumont et Louis Jouvet.


Le sommet de la collaboration
 
Au printemps suivant, le quatuor est recomposé, avec en tête d'affiche Jean Gabin, qui avait déjà incarné dans le Quai des brumes l'image d'un destin tragique, image qui va atteindre son paroxysme dans Le jour se lève, dernière partition de long métrage de Maurice Jaubert.

Jaubert disparu, c'est son ami Maurice Thiriet qui va reprendre le flambeau musical dans l'équipe Carné-Prévert, servant en outre de prête-nom à Joseph Kosma (déjà collaborateur de Carné pour Jenny) pour travailler clandestinement sur Les visiteurs du soir (1942), avant de pouvoir signer "au grand jour" la partition des Enfants du paradis, sorti sur les écrans parisiens deux semaines après la capitulation allemande, en mai 1945.C'est le sommet de la collaboration Carné-Prévert, précédant Les portes de la nuit (1946) où sont révélées les deux chansons "tubes" de Prévert et Kosma, Les enfants qui s'aiment et Les feuilles mortes.



"Le monde nous a foutus dehors"
 
Ce tandem quasi-mythique, Carné-Prévert, va chuter sur un double coup du sort. La révolte des jeunes colons du pénitencier de Belle-Ile, en août 1934, leur avait inspiré, dès 1936, un projet, L'île des enfants perdus. Refusé par la censure, puis enterré sous l'Occupation, le scénario de Prévert réapparut en 1947 sous le titre La fleur de l'âge. Le tournage commence le 10 mai à Belle-Ile. Au bout de dix semaines, il est interrompu définitivement, les problèmes financiers s'étant ajoutés aux intempéries et multiples sinistres. De cette dernière œuvre commune inaboutie restera une chanson, mise en musique par Kosma : "Enfants des corridors, enfants des courants d'air, le monde nous a foutus dehors, la vie nous a foutus en l'air !"



En écho
 
Sur le site du Forum des images
Le jour se lève, une partition de Maurice Jaubert, par François Porcile

 

Le Paris de Marcel Carné, par Claude-Jean Philippe

 

François Porcile
décembre 2003
mise à jour 30 juillet 2008

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