Parcours
Campagne, vignoble, tradition ouvrière jalonnent l'histoire du 20e arrondissement et d'une partie de celui-ci, Belleville,
qui a connu au fil du temps de nombreuses transformations, tout en conservant un caractère populaire, cosmopolite et pittoresque.
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Située sur une colline de l'est parisien (Les sept collines de Paris), la commune de Belleville - englobant alors d'importants territoires de La Villette, Pantin et Bagnolet - date de 1789.
Le bas de la colline était occupé par les ouvriers des carrières toutes proches et par de petits ateliers ; sur ses coteaux,
on cultivait la vigne et les arbres fruitiers.
A partir de 1840, accueillant les ouvriers chassés par les grands travaux d'Haussmann, la commune s'urbanise rapidement, abritant dans des conditions précaires une population volontiers contestataire. Lors de
son rattachement à Paris en 1860, Belleville est coupée en deux pour "désunifier" la commune frondeuse : son ancienne grande rue (l'actuelle rue de Belleville) marque désormais la frontière entre les 20e
et 19e arrondissements…
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Belleville, qui paya un très lourd tribut à la "semaine sanglante", fut le dernier quartier de Paris à rendre les armes (La semaine sanglante de Joël Farges, Paris 1871, la semaine sanglante de Jean-Pierre Gallo). Au cimetière du Père-Lachaise voisin (Les rendez-vous du Père Lachaise), le Mur des fédérés, présent dans de nombreux films (La nouvelle Babylone) et actualités (Actualités Gaumont mai 1936), rend hommage aux Communards.
Le thème musical du Temps des cerises, célèbre chanson créée par l'un d'entre eux, Jean-Baptiste Clément, accompagne l'un des plus beaux films auquel Belleville
ait servi de décor, Casque d'Or : c'est au n°44 de la rue des Cascades que la blonde Marie rend visite au sinistre Leca, négociant en vins et spiritueux,
pour obtenir la libération du charpentier Manda. Un temps menacée par les promoteurs, la maison existe encore aujourd'hui,
discret lieu de pèlerinage pour cinéphiles, et rappelle ce Paris des "apaches" du début du siècle, quand les guinguettes et cabarets au-delà de la barrière d'octroi attiraient le bourgeois.
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Au XXe siècle, Belleville devient terre d'asile, accueillant entre les deux guerres des immigrés des pays de l'Est, des Arméniens,
des Grecs et, fuyant les pogroms, de nombreux Juifs polonais (Traces d'un Paris Yiddish). Avec la guerre, beaucoup connurent la déportation (Belleville-Drancy par Grenelle, Héritages) et pour beaucoup ne revinrent pas.
A partir des années soixante, de nouveaux immigrés, venus du Maghreb, d'Afrique et aujourd'hui d'Asie ont continué à faire
de Belleville un territoire de mélanges, d'échanges et de solidarités. De nombreux documentaires en offrent le témoignage
- récits d'enfances nostalgiques (Belleville lumière, Vive la sociale), souvenirs du passé (La ballade du bottier, Bertheville Ménilmontant), évocation des jours fastes d'un bistrot de la rue de Tourtille (Fanfan) ou d'un cinéma de quartier, boulevard de Belleville (Le Berry 1951-1991). D'autres évoquent la vie du quartier et de ses habitants aujourd'hui (Babelville, Grandir à Belleville, L'année du dragon, Au pays de citron, Portraits d'ici...).
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"Sur les marches de cette maison, naquit dans le plus grand dénuement celle dont la voix, plus tard, allait bouleverser le
monde" : la légende veut qu'Edith Piaf ait vu le jour au beau milieu de la rue de Belleville (Edith Piaf quatre ans déjà)… Maurice Chevalier, né rue Julien-Lacroix , ne manquait pas non plus d'évoquer son attachement au quartier de son enfance
(Maurice de Paris), tout comme l'accordéoniste Jo Privat ou encore le chanteur Eddy Mitchell à la recherche de ses racines (Nashville ou Belleville ?). La rue de Belleville sert également de décor à un clip de Claire Denis (Pour Ushari Ahmed Mahmoud) sur une chanson d'Alain Souchon : "Je sais bien que rue de Belleville, rien n'est fait pour moi, mais je suis dans une belle ville, c'est déjà ça…".
Belleville est aussi un quartier cher aux écrivains, en atteste le documentaire Belleville est un roman qui réunit Serge Quadrupanni, Thierry Jonquet, entre autres romanciers d'aujourd'hui que Belleville a inspirés. Daniel Pennac,
qui y a élu domicile, en a fait le décor des aventures de son héros Malaussène, portées à l'écran par Yves Boisset (La fée carabine). Georges Perec y a passé son enfance (Georges Perec) et a entrepris, lors des travaux de démolition de la rue Vilin, un minutieux travail d'observation du lieu et de sa progressive
transformation. Après la mort de l'écrivain, son ami réalisateur Robert Bober, prolongeant cette entreprise personnelle, a
réalisé une captivante enquête, En remontant la rue Vilin, qui témoigne, photographies à l'appui, de l'évolution du paysage, la rue Vilin d'hier disparaissant peu à peu en un vaste
terrain vague pour faire place à l'actuel parc de Belleville.
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D'autres images de l'époque témoignent de ce passé : la folle course d'une bande de gamins à la poursuite d'un Ballon rouge enchanté ressuscite des rues et passages aujourd'hui disparus, tout comme la séance de photos du Mannequin de Belleville en décors naturels a immortalisé les escaliers tortueux et pittoresques d'alors. Propices aux jeux de l'enfance, les hauteurs
de Belleville dominant Paris ont aussi servi de décor à Un gosse de la butte et à un court métrage méconnu de l'américain Melvin Van Peebles (Les cinq cents balles). Clément Lépidis, écrivain amoureux de Belleville dont il s'est fait l'historien, a aussi gravé sur pellicule la poésie
muette de ce Belleville des années soixante, avant les transformations et destructions de la décennie suivante (Belleville).
Palissades, terrains vagues et façades murées d'alors - filmées dans Scopitone, Ça va, ça vient, Permis de démolir, Rue des partants, Ville à vendre ont vu peu à peu changer la population et le visage de Belleville, et fleurir des œuvres sauvages, devenues familières aux
habitants du quartier : des silhouettes noires peintes au pochoir par Némo de Belleville et les mystérieux hommes blancs (Sur les murs...) de Jérôme Mesnager dont une gigantesque peinture murale rend aujourd'hui hommage aux "gars de Ménilmontant" dans la rue du même nom, parallèle à celle de Belleville.
Aujourd'hui le quartier est un lieu de tournage prisé : refuge d'un psychanalyste new yorkais surmené pour Chantal Akerman
(Un divan à New York), qui y a également tourné son dernier film Demain on déménage, il est aussi en divers lieux le décor de Comme elle respire de Pierre Salvadori, La nouvelle Eve de Catherine Corsini ou Lovers de Jean-Marc Barr. Dans Les rendez-vous de Paris, les protagonistes du film d'Eric Rohmer font une halte dans le nouveau parc de Belleville où René Féret filme, sur un banc
au soleil, le dernier plan de son film Rue du Retrait. C'est aussi là que Brian de Palma est venu tourner Femme fatale, tandis que le Français Sylvain Chomet, lui, exilait en Amérique son savoureux trio chantant des Triplettes… de Belleville.
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Femme fatale
de Brian de Palma
avec Antonio Banderas
2002, 1h50min
Paris 1871, la semaine sanglante, série Les Grandes batailles du passé
de Jean-Pierre Gallo
1976, 54min
Pour Ushari Ahmed Mahmoud, série Ecrire contre l'oubli
de Claire Denis
avec Alain Souchon
1991, 4min16s
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A la découverte du 19e arrt | |||||||
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A la découverte du 20e arrt | |||||||
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Le Paris noir | |||||||
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septembre 2004
mise à jour 2 décembre 2008
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