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Parcours
La Belgique à Paris
P70
Le Paris des années trente filmé par des cinéastes amateurs belges
collection Paris Île-de-France
Retrouvons certains de nos voisins Belges qui ont vécu, tourné ou joué à Paris…


Bruxelles/Paris
L'émigration belge
Durant le XIXe siècle, la Belgique, détentrice de charbon et de fer, connaît le même essor économique que ses voisins grâce à la révolution industrielle. Cependant, le travailleur belge est sous-payé. Lorsque à la fin du XIXe siècle la France rencontre une stagnation de sa population, le manque de main-d'œuvre la pousse à faire appel à l'immigration. Ce flux migratoire est particulièrement conséquent et provoque un rejet chez les travailleurs français car les ouvriers belges sont régulièrement utilisés par les patrons pour briser les grèves.

Selon le Centre d'information et de documentation pour jeunes, les blagues françaises sur les Belges seraient nées de cette période d'hostilité à l'immigration massive des travailleurs belges. Ce flux ne concerne pas seulement le nord de la France mais également Paris. Suivant cette même source, la plus grosse communauté étrangère à Paris en 1901 était belge : elle comprenait alors 28 000 personnes. La deuxième vague essentielle d'émigrants belges se déclara durant la Seconde Guerre mondiale : à la suite d'informations concernant les atrocités et massacres effectués par les troupes allemandes, un cinquième de la population belge prit la fuite vers les Pays-Bas, l'Angleterre et la France.


Quand Bruxelles et Paris révolutionnaient l'art
Ces principaux mouvements d'émigration belge vers la France ne tiennent pas compte des relations artistiques privilégiées entre Bruxelles et Paris dès la fin du XIXe siècle. Les différents courants artistiques d'alors, le réalisme, le naturalisme, le symbolisme, l'esthétisme et l'art social, apparaissent en effet simultanément en France et en Belgique. A Bruxelles, le poète Albert Mockel fonde en 1886 la revue La Wallonie, qui s'impose comme la revue du symbolisme. Octave Maus publie L'Art moderne et rassemble un groupe de peintres, le "Cercle des vingt", qui consacrera notamment des artistes français tels Georges Seurat, Camille Pissarro ou encore Paul Signac et accueillera des figures marquantes du symbolisme, de Stéphane Mallarmé à André Gide.

A Paris, des artistes et écrivains belges sont reconnus et s'installent dans la capitale française dès 1874, à l'instar de Félicien Rops, Georges Rodenbach, Emile Verhaeren ou encore Maurice Maeterlinck. Les artistes belges se joignent aux écrivains, musiciens et peintres français ; les revues de Paris les accueillent. Georges Eekhoud tient ainsi une chronique régulière sur la vie culturelle à Bruxelles dans le Mercure de France.

"Axe unique, de Paris à Bruxelles ? Ce qui apparaît vers 1880 et se poursuit jusqu'en 1905 environ, c'est plutôt un libre-échange entre les capitales européennes dans la circulation des écrivains, des artistes et des idées. Sur Paris se projettent les rêves de transformation des valeurs créatrices. Nul hasard si la mélancolie, l'étouffement, la mort appartiennent à la thématique majeure des oeuvres belges de l'époque." (Quand Bruxelles et Paris révolutionnaient l'art, Lionnel Richard, in Le Monde Diplomatique, juin 1997).Cependant, à partir de 1905, les deux pays connaissent un repli identitaire qui affaiblit considérablement cette dynamique.


Renouveau artistique après 1920
A la fin des années vingt, les échanges semblent se rééquilibrer et le cinéma belge s'affirme avec le réalisateur Henri Storck. Ce dernier est encore un amateur lorsqu'il est formé par Boris Kaufman, le cameraman de Jean Vigo, qui l'initie au maniement de la caméra portative Kinamo de Zeiss Ikon. Le cinématographe participe avec d'autres formes artistiques à l'émergence de l'expressionnisme, du dadaïsme, du constructivisme et du surréalisme en Belgique. Parmi les nombreux échanges artistiques, l'influence de Paris sur le peintre Magritte est considérable : fort d'une reconnaissance tout nouvelle à Bruxelles, Magritte s'installe dans la banlieue parisienne en 1927 et rencontre André Breton. Il s'intègre ainsi au groupe surréaliste parisien qui agit de manière décisive sur sa pratique créative.


Bruxelles, ville provinciale de Paris ?
Bruxelles continue d'être un véritable vivier artistique en accueillant de nombreux artistes confirmés, à l'exemple de Maurice Béjart invité par Maurice Huisman à l'Opéra de la Monnaie en 1960. Maurice Béjart crée le Ballet du XXe siècle et oeuvre à Bruxelles pendant plus de vingt-cinq ans. A l'occasion de son programme Bruxelles/Brussel, le Forum des images invite une ancienne élève de Maurice Béjart, Michèle Noiret, dont la performance témoigne de l'essor artistique initié à cette période entre Paris et Bruxelles.

A ce sujet, le documentaire Un certain art belge de l'artiste Jacques Lizène traite avec humour des relations artistiques franco-belges. Ce vidéaste, non seulement révèle les différents liens artistiques entre les deux pays, mais aussi imagine et incruste également des œuvres d'art belges devant les principaux monuments et musées parisiens.

Paris représente néanmoins de plus en plus le succès espéré : Bruxelles accueille des artistes parisiens confirmés mais ne participe plus à la reconnaissance d'artistes nationaux ou étrangers comme dans les années 1880. Ainsi, au fur et à mesure du XXe siècle, Paris cristallisera la clé de la réussite pour les Belges.


Dépendance du cinéma belge
La situation de dépendance du cinéma belge envers Paris est ainsi loin d'être nouvelle. Les investisseurs sont aussi frileux à l'égard des comédiens qu'à l'égard des cinéastes belges. Les commissions d'aides sont communautarisées depuis les années soixante. Le secteur francophone s'est révélé en attente d'une reconnaissance critique française avant l'attribution des différentes aides. Ce fut le cas de Jeanne Dielman… dont le succès critique parisien encouragea, par la suite, la commission francophone à soutenir Chantal Akerman, mais également celui du film C'est arrivé près de chez vous de Benoît Poelvoorde. A la suite d'un refus de la commission, le film fut tout de même sélectionné par la Semaine de la Critique à Cannes avant la fin du montage. Cette sélection convainquit la commission francophone d'accorder une aide, certes relative, au financement du film qui connut d'ailleurs un vif succès critique à Paris.

L'acteur Olivier Gourmet a dénoncé récemment cette situation, qui s'améliore seulement depuis peu : "Les producteurs belges eux-mêmes commencent à prendre davantage de comédiens belges. A leur faire confiance. Avant ils avaient des doutes d'autant que les médias n'en parlaient pas, qu'ils étaient inconnus du public donc ils allaient chercher des comédiens ailleurs. Maintenant qu'on en parle, qu'il y a un peu d'effervescence autour de nous, qu'on est bien vu à l'étranger ils se rendent compte des richesses du vivier belge." (www.cinergie.be)


Paris, clé de la réussite
Les artistes de cabaret
Si Bruxelles peut être la ville de l'impulsion créatrice, à l'image de ce qu'elle a été pour Barbara, Paris est avant tout le lieu de la reconnaissance publique. Le parcours de Jacques Brel est très significatif de ce point de vue. Bruxellois de naissance, il chante dans sa ville en 1953 à la Rose Noire et sort un 78 tours. Jacques Canetti, alors responsable artistique chez Philips, le découvre et le fait venir seul à Paris contre l'avis de sa famille qui lui coupe les vivres. Pendant cinq ans Jacques Brel va s'efforcer de conquérir le public français qui se moque de ses allures provinciales : Bruxelles semble incarner une ville régionale pour les Français…. C'est seulement en 1958, lors de la première partie de Philippe Clay à l'Olympia, que le public français le reconnaît comme véritable homme de scène.

En 1935, Raymond Devos s'établit à Paris animé par le rêve d'une vie d'artiste. Il commence par être crémier aux Halles. Il exerce ensuite de nombreux petits métiers. En 1945, il entre à l'Ecole du Vieux Colombier. Plus tard, il se forme à l'Ecole de Mime d'Etienne Decroux où il rencontre Marcel Marceau. Il effectue ses débuts au cabaret de la Rose Rouge et connaît le succès. Le parcours de Raymond Devos est particulièrement révélateur de la notoriété des écoles de théâtre parisiennes de l'époque.


Des figures cinématographiques du Paris populaire
Parralèllement au "sort" de ces artistes de cabaret, l'affirmation de réalisateurs ou d'acteurs belges va être bien plus tardive que pour les autres pays européens. Ce n'est ainsi qu'en 1912, à Gand, que le français Alfred Machin, représentant de Pathé, va véritablement débuter la production de ses films de fiction.

Peu après, plusieurs figures belges du cinéma français, notamment Jacques Feyder et Charles Spaak, contribueront vivement, par l'ensemble de leur œuvre, au mythe du Paris populaire que le réalisme poétique a réinventé.


Jacques Feyder
Jacques Feyder entre chez Gaumont en 1915 où il tourne une quinzaine de petits films durant la guerre. Un conseil d'ami et La faute d'ortographe sont remarqués pour leur inscription dans la tradition du cinéma burlesque. En 1921, son premier long métrage, L'Atlantide, le révèle comme un maître du cinéma réaliste. Son principal sujet devient ensuite les enfants, notamment à travers le film Visages d'enfants tourné en 1924. Hollywood le réclame ensuite et il y tourne The kiss en 1929, avant de réaliser son grand retour en France avec trois films dont deux chefs-d'oeuvre reconnus : Le grand Jeu en 1934 et La kermesse héroïque en 1936, une satire réjouissante de la bourgeoisie flamande. Ces deux films confirment Jacques Feyder comme précurseur du réalisme poétique. Il facilitera d'ailleurs les débuts de Marcel Carné, son assistant depuis 1912.


Charles Spaak
Une autre figure belge du cinéma français est le scénariste dialoguiste Charles Spaak, spécialiste de l'adaptation littéraire, qui a également collaboré avec les plus grands réalisateurs du cinéma français : Jean Grémillon pour La petite Lise en 1930 et Le ciel est à vous en 1943, Julien Duvivier pour La bandera en 1935 et Panique en 1946 (une adaptation remarquable du roman Les fiancailles de monsieur Hire de son compatriote Georges Simenon), Christian Jacques pour Adorables créatures en 1952 ou encore André Cayatte pour Avant le déluge en 1954. Un autre film, Laissez-passer de Bertrand Tavernier, éclaire le travail de Charles Spaak et de toute cette génération de cinéastes en se concentrant sur la période de l'occupation allemande.


Fernand Ledoux
Il semble exister une relative solidarité parmi les émigrés belges lors de leurs débuts au sein du cinéma français. Jacques Feyder offre en effet à Fernand Ledoux son premier rôle de cinéma dans La faute d'orthographe. Il devra par la suite acquérir la nationalité française pour être admis à la Comédie Française en 1920. Fernand Ledoux y devient sociétaire en 1931 où il est apprécié pour la sobriété de son jeu. Il revient au cinéma par l'entremise d'un homme de théâtre, Marcel Achard, qui réalise son premier film, L'homme des Folies Bergères, en 1935. Par la suite, Fernand Ledoux mène une brillante carrière sous la direction des réalisateurs les plus remarquables de l'époque : Jean Renoir le dirige dans La bête humaine en 1938, Jacques Becker dans Goupi mains rouges en 1943, Orson Welles dans Le procès en 1962...


Des acteurs contemporains
Parmi les acteurs du cinéma français, beaucoup sont belges, et même si leur nationalité est bien plus affirmée qu'à l'époque des premiers temps du cinéma, leur réussite et l'ensemble de leur travail se réalisent en France, notamment à Paris. Les dix dernières années du cinéma français ont ainsi été marquées par l'émergence et la reconnaissance d'une génération de jeunes acteurs.


Marie Gillain
Marie Gillain commence les castings dès son adolescence. Elle participe à celui de L'amant de Jean-Jacques Annaud où elle n'est pas retenue, mais qui lui vaudra d'être recontactée par la directrice de casting pour Mon père ce héros. Ce dernier rôle lui permet une nomination aux Césars. Elle tourne ensuite Marie (son unique film belge) de Marian Handwerker. Ce rôle lui vaut le prix d'interprétation féminine au Festival de Paris. La comédienne étudie ensuite pendant quatre mois les cours de l'Ecole du Cirque de Bruxelles dans l'attente du tournage de L'appât de Bertrand Tavernier dont le rôle la distingue pour le prix Romy Schneider. Elle décide de vivre à Paris.


Olivier Gourmet
Olivier Gourmet est un acteur tardivement révélé, en partie parce qu'il vit dans les Ardennes et non pas à Paris, à l'instar des autres acteurs cités. Il commence par jouer au théâtre avant d'être choisi par Luc et Jean-Pierre Dardenne pour le rôle du père dans La promesse. Ce film révélera l'acteur Olivier Gourmet au public français. Il sera par la suite engagé par différents réalisateurs prestigieux : Patrice Chéreau pour Ceux qui m'aiment prendront le train, Bertrand Tavernier pour Laissez-passer ou encore Jacques Audiard pour Sur mes lèvres, à l'occasion duquel le réalisateur lui affirme : "S'ils sont tous comme toi, je ne mettrai en scène que des Belges !"

Olivier Gourmet n'hésite pas non plus à collaborer avec de jeunes réalisateurs tel Orso Miret pour De l'histoire ancienne : un film tendu, aux images maîtrisées et magnifiques, montrant sans psychologie la permanence de l'Histoire dans les relations humaines. Le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes 2002 pour le film Le fils des frères Dardenne le consacre définitivement. Il tourne actuellement sous la direction de Chantal Akerman pour son prochain film Demain on déménage, une comédie dramatique qui réunit de nombreux acteurs français (Jean-Pierre Marielle, Sylvie Testud, Elsa Zylberstein...) et belges (Natacha Régnier).


Cécile de France
A 17 ans, Cécile de France décide de se rendre à Paris. De 1992 à 1994, elle suit les stages d'art dramatique de Jean-Paul Denizon (acteur et assistant de Peter Brook) pour intégrer ensuite en 1995 l'Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre. Elle alterne une carrière entre le théâtre et le cinéma où elle est notamment très remarquée dans L'auberge espagnole de Cédric Klapisch en 2001.


Natacha Régnier
A la différence de Cécile de France, les autres jeunes comédiens belges ont suivi une formation théâtrale en Belgique. Natacha Régnier a suivi l'enseignement de l'académie d'Uccle à Bruxelles. Un cinéaste belge, Stéphan Carpiaux, lui offre son premier rôle en 1993 dans le court métrage The motorcycle girl. Elle rencontre à l'occasion Pascal Bonitzer qui l'engage en 1995 pour jouer dans Encore. Natacha Régnier emménage et travaille alors à Paris jusqu'à sa consécration avec le prix d'interprétation féminine à Cannes pour son rôle dans La vie rêvée des anges d'Eric Zonca.


Jérémie Rénier
Un autre ressortissant belge commence très tôt le cinéma : Jérémie Rénier débute enfant les castings avec Toto le héros de Jaco Van Dormael. Contrairement à ses compatriotes, il privilégie les films belges. La réalisation du troisième long métrage des frères Dardenne, La promesse, le révèle comme acteur. Il tourne ensuite sous la direction de François Ozon dans Les amants criminels. Jérémie Renier élit domicile à Paris pour travailler avec différents réalisateurs français dont Patricia Mazuy (Saint-Cyr) et Christopher Gans (Le pacte des Loups). Ce jeune acteur revient au cinéma belge avec le film de Christophe Fraipont Le troisième œil.


Les Belges filment Paris
Quelles sont les représentations de Paris proposées par les différentes images réalisées par des Belges amateurs ou professionnels ? En premier lieu se distingue un Paris "strass et paillettes" qui fascine le touriste belge. Les images amateurs des années trente de la famille Tramasure sont tout à fait réjouissantes et instructives à ce sujet. La famille se filme devant les monuments les plus symboliques de Paris : la tour Eiffel, les Champs Elysées… Et, surtout, comme le précise le commentaire : "A cette époque, quand on avait été à Paris, on pouvait le raconter pendant dix ans !". Ce même document montre d'autres touristes belges, étudiants de l'académie des Beaux-Arts de Bruxelles qui visitent l'Exposition Internationale de Paris en 1937. Ces derniers sont franchement désappointés car la place est encore en chantier en raison des grèves. Ils filment les ouvriers de l'Exposition, figures d'un Paris du Front Populaire qui les choque et "marque la fin d'une époque pour la France…". Il est intéressant de noter qu'à la même période le réalisme poétique du cinéma français (avec ses précurseurs belges…) façonne le mythe du Paris populaire qui s'oppose ainsi à l'imaginaire d'un "Paris strass et paillettes"….


Le Paris de l'amour
Différents réalisateurs belges ont filmé Paris et proposent des visions croisées où l'on retrouve des thématiques majeures. Paris est le lieu de l'amour, parfois poétique et décalé à l'exemple de La Sévillane. Jean-Philippe Toussaint filme un Paris désuet proche de l'univers de Jacques Tati. Néanmoins, pour ce réalisateur, Paris "est son point d'ancrage" (www.cinergie.be). La ville apparaît davantage comme le lieu où l'on rêve d'un ailleurs, à l'image de la scène où la "Sévillane" danse devant des photogrammes d'une auto-école de Paris.

La ville se montre bien plus indifférente dans une autre histoire d'amour qui relie Paris au fantasme sexuel. Une liaison pornographique de Frédéric Fonteyne révèle en effet un couple réalisant ses fantasme sexuels dans un Paris anonyme qui laisse entrevoir toutes les libertés possibles. Le découpage fractionné de Paris, à l'exemple de la tour Eiffel fugitive et tronquée, renforce l'isolement des personnages, seuls dans un Paris empli de passants inconnus.


Paris fractionné, personnages isolés
Cet isolement des personnages lié au fractionnement de la ville se retrouve dans les films de Chantal Akerman, de la traversée aérienne d'Ariane des beaux quartiers de La captive à l'arrivée comique de Henry le prestigieux psychanaliste new yorkais à Belleville dans Un divan à New York ou encore à celle des jeunes filles de J'ai faim, j'ai froid, réalisé dans le cadre de Paris vu par… 20 ans après. Ce dernier exemple témoigne d'un Paris de la sexualité et de l'émancipation : "On étouffait à Bruxelles, tu crois que c'est beau Paris ?". La ville est filmée de manière inquiétante en privilégiant les plans rapprochés sur les jeunes filles qui errent désorientées dans une ville sombre. S'orienter dans Paris, toujours très découpée à l'image, est l'un des objectifs de Julie dans Nuit et jour. "Joseph : moi je lis le plan de Paris. Julie : moi je préfère explorer, je commence par les grandes artères ensuite les petites… ".

Par l'intermédiaire de ce film, Paris devient la ville de la nuit et de la chaleur. La représentation de l'inconnu, de l'étrangeté est néanmoins toujours présente. Cette évocation de Paris est inverse à celle de Bruxelles filmée par Chantal Akerman. La ville de Bruxelles dans Toute une nuit n'est pas un singulier labyrinthe parisien mais une globalité familière et protectrice. Bruxelles apparaît comme une ville intime aux corps multiples totalement éloignée de la captation filmique de Nuit et jour qui présente trois corps étrangers dans un Paris qui semble infini. "Julie : Tu aimes Paris ? Joseph : J'aime Paris, qu'il y ait plein de cinés même si j'y vais pas, j'aime Paris boulevard de Belleville vers 9 heures du soir en été, j'aime quand la harissa vous brûle la gorge, j'aime rentrer dans les magasins Picard l'été parce qu'il y fait frais, j'aime les colonnes Morris, j'aime quand c'est plein, j'aime quand c'est vide."


Un Paris flamand ?
Paris est indéniablement la ville de l'altérité et de tous les possibles pour les cinéastes belges, hormis Jean-Philippe Toussaint, Parisien dès l'âge de treize ans. Un autre regard belge sur la capitale française pourrait également s'affirmer prochainement : si jusqu'à présent la réalisation flamande ne s'est pas intéressée à Paris, le second film du réalisateur Franck Van Passel, Villa des Roses, dont l'action se situe à Paris, présage peut-être d'un changement. Une nouvelle piste susceptible d'enrichir la spécificité du regard belge sur la capitale française.


Filmographie sélective
de Bertrand Tavernier
avec Marie Gillain
fiction, 1995, 1h52
de Christian Mesnil
documentaire, 1985, 56min
de Chantal Akerman
fiction, 2000, 1h53min
de Orso Miret
fiction, 2000, 1h56min
Jacques Brel, série Discorama
de Robert Valey
documentaire, 1964, 24min
de Chantal Akerman
fiction, 1984, 13min
de Chantal Akerman
fiction, 1991, 1h31min
de Jean-Philippe Toussaint
fiction, 1992, 1h29min
Spécial Jacques Brel, série Champs-Elysées
de Jacques Brialy
variétés, 1985, 1h48min
de Christian Raynaud
documentaire, 1987, 30min
de Guy Lemaire
documentaire, 1993, 32min
de Jacques Lizène
documentaire, 1993, 50min
de Chantal Akerman
avec Juliette Binoche
fiction, 1996, 1h44min
de Frédéric Fonteyne
avec Nathalie Baye
fiction, 1999, 1h30min
Villa des Roses
de Franck Van Passel
fiction, 2002, 2h
Bibliographie
Atlas du cinéma, André Z. Labarrère, Librairie générale française, 2002
Les émigrants belges, Anne Morelli, Editions évo-histoire, 1999
La kermesse héroïque du cinéma belge, Frédéric Sojcher, L'Harmattan, 1999
En écho
Sur le site du Forum des images
Le Paris de Georges Simenon, par Noël Simsolo

 

La Russie

 

Sur internet
Annuaire du Cinéma belge : http://www.cinergie.be

Ambassade de Belgique en France : http://www.diplobel.org/france

Centre d'information et de documentation pour jeunes : www.cidj.be/dossiers/racisme/population.htm

Quand Bruxelles et Paris révolutionnaient l'art, article de Lionel Richard paru dans Le Monde diplomatique en juin 1997 : http://www.monde-diplomatique.fr/1997/06/RICHARD/8733

Organisme de recherche et de création culturelle, spécialisé dans l'histoireet la préservation des archives de l'immigration : http://www.generiques.org

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juin 2003
mise à jour 26 novembre 2008

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