Parcours
Au cinéma, la tour Eiffel est un indicateur simple et efficace du lieu de l'action. Presque tous les films ayant une ou plusieurs
séquences dans Paris ont un plan de la tour Eiffel. Ceci dit, il paraît évident que l'on ne peut pas parler de tous ces films
dans lesquels on trouve un plan de la tour Eiffel. Il semble plus juste de s'arrêter sur les films dans lesquels elle joue un rôle : elle n'y est plus seulement indicateur du lieu mais prend part à la narration et à la dramaturgie du film. Elle
est présence active et pas seulement passive.
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Le documentaire de Nicole Védrès, Paris 1900, est intéressant à double titre pour ceux qui recherchent des informations sur la tour Eiffel. Premièrement parce qu'il évoque
la querelle autour de la tour et son acceptation définitive à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900 pendant laquelle
des réceptions sont données au restaurant du premier étage. Deuxièmement parce que le film rappelle l'histoire de François
Reichelt, l'homme volant. Celui-ci inaugure un nouveau rapport à la tour : celui de la compétition entre l'homme et elle.
Reichelt était tailleur, il s'était confectionné un costume lui permettant de voler, croyait-il. Il s'écrasa depuis le premier
étage devant les opérateurs venus assister à l'exploit, faisant un trou de quatorze centimètres de profondeur. L'histoire
retiendra de lui, selon les mots de Pierre (Jean Dessailly) dans La peau douce de François Truffaut, qu'il fut "La première victime du cinéma, sans doute, car sans la présence des opérateurs venus filmer l'événement, l'homme aurait certainement
renoncé à sauter".
Pour continuer dans cette veine des rapports de la tour à l'homme deux petits films constituent des documents essentiels :
tous les deux sont réalisés par Daniel Maillot en 1984. Dans le premier, Sauts de la tour Eiffel, coréalisé avec Jean-Louis Normand, on voit un couple d'Anglais de vingt-trois ans qui saute du troisième étage à l'insu
de la direction après avoir étudié minutieusement les meilleurs points de saut. Les deux protagonnistes sont interviewés après
leur saut et nous parlent de leur préparation et de leurs émotions, en anglais. Le deuxième film, Vol sous la tour Eiffel, est plus impressionnant tant les sauts en parachute depuis la tour sont devenus courants : il s'agit du passage d'un petit
avion de tourisme sous la tour Eiffel ! Cette prouesse serait inimaginable de nos jours ce qui rend ce film de deux minutes
si précieux.
Un petit tour par la fiction et le film de Jean-Pierre Rawson Gros câlin dans lequel Jean Carmet tient des propos qui s'intègrent parfaitement dans cette thématique des rapports de l'Homme avec
la tour Eiffel : "C'est horrible. Nous sommes petits, nous le savons, mais pourquoi nous le démontrer. Et puis moi je ne peux pas supporter
d'être regardé de haut en bas". Il n'est pas question à proprement parler d'exploit sportif mais ils illustrent bien la position de l'Homme face à tant
de gigantisme.
Plus récemment Angel A de Luc Besson met en scène un anti-héros aux prises avec ses créanciers dont un qui n'hésite pas à le suspendre dans le vide
pour lui faire comprendre qu'il doit le payer avant le lendemain. Cet anti-héros, joué par Djamel Debouze, ne fait pas vraiment
le poids face aux sbires du truand à qui il a emprunté. Et il est encore moins de taille à négocier quoi que ce soit face
à la hauteur vertigineuse de la tour.
Enfin pour en revenir au documentaire pur, le film de Jocelyne Lemaire Darnaud Voyage au centre de la tour est l'occasion de passer une journée avec les techniciens qui y travaillent toute l'année. Les corps de métiers les plus
divers y sont présents, de l'électricien au plombier en passant par le mécanicien, le serrurier, le peintre et le menuisier.
Avant de s'attaquer aux fictions un petit tour du côté du cinéma expérimental avec le film de Jay Rosenblatt Paris x 2 (lire "Paris multiplié par 2"). Ce film en anglais est un essai poétique sur Paris et sa représentation dans le cinéma américain notamment. Le réalisateur
y parle des clichés hollywoodiens sur la capitale de l'amour au cinéma. La tour Eiffel y est présente par le biais de ses
apparitions dans les productions américaines, de Ninotchka à Drôle de frimousse.
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Un autre film donne la part belle à la dame de fer. Quoi de plus normal puisqu'il s'agit d'un film anglais ? De l'or en barre, de Charles Crichton relate l'histoire d'un employé de banque, interprété par Alec Guiness, qui détourne de l'or. Il demande
à son voisin qui fabrique des souvenirs pour le monde entier de fondre son or dans les moules qui lui servent à faire des
tours Eiffel. Cet artifice leur permet de passer les douanes plus facilement mais une des caisses se retrouve en vente sur
la tour. Nos deux compères se voient dans l'obligation de récupérer ces tours Eiffel auprès des jeunes filles qui les ont
achetées. La poursuite commence, ils décident de prendre les escaliers en colimaçon afin de ne pas perdre de vue les acheteuses
qui ont pris l'ascenseur. Leur arrivée sur le parvis est quelque peu titubante !
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Pour en revenir aux exploits humains, Alain Pol filme l'ascension de quatre alpinistes dans A l'assaut de la tour Eiffel. Répartis en deux cordées, Pierre Allain, Guy Poulet, Jacques Poincenot et René Ferlet partent à la conquête de ce sommet
parisien. Le réalisateur, pour rendre son propos plus attrayant, met en scène cette ascension par une pseudo-poursuite avec
un agent de police. Sous ce ressort comico-naïf le film offre de très belles vues de Paris grâce aux opérateurs répartis sur
le trajet des alpinistes et grâce à un téléobjectif capable de filmer l'ascension depuis le sol.
Quelques années plus tard, une autre ascension restera célèbre dans la mémoire des jeunes cinéphiles : celle de Mimi-Siku,
le petit Indien du film d'Hervé Palud, Un Indien dans la ville.
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Et puisque l'on parle de Jean Cocteau, il est temps d'évoquer le film d'animation de Jean Image, Bonjour Paris, réalisé en 1952 et à propos duquel le poète a dit qu'il montrait "ce qui arrive lorsque qu'une carcasse de fer a des idées et des fourmis dans les jambes". Le fils de monsieur Eiffel, se sentant seul et orphelin, décide de faire le tour du monde et part à la rencontre de la statue
de la liberté, de Big Ben, de la tour de Pise et des grandes pyramides.
Dès 1910, Emile Cohl avait réalisé un film d'animation dans lequel apparaissait la tour Eiffel, Les beaux-arts mystérieux. Dans ce film, l'animateur recréait des monuments de Paris et les superposait aux originaux photographiés auparavant.
Un autre film d'animation, Le voyage de Badabou de Henri Gruel en 1955, évoque brièvement la tour lorsque Badabou et ses amis (un lion, un singe et un canard) s'envolent
du dernier étage avec des ballons alors que les policiers, lancés à leur poursuite à cause du désordre qu'ils causent dans
Paris, tombent dans la Seine. De quoi relativiser la performance de James Bond dans A view to a kill de John Glen dont on reparlera.
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A partir de ce film et partant de la formule Paris = tour Eiffel de nombreux films d'action américains ou français prendront
la tour pour décor, voire directement pour cible. Encore une fois laissons de côté les films catastrophes dans lesquels ne
figure qu'un plan de la tour en flamme tels Independance Day (1996), Mars Attacks (1996), ou Armageddon (1998). Ces plans très rapides ne sont là que pour nous rappeler que la destruction est planétaire. D'autres films, en revanche,
s'intéressent effectivement à la tour et s'en prennent à elle. Ainsi, en 1930, Abel Gance dans La fin du monde imagine qu'un météorite va s'écraser sur la Terre. Il en profite donc pour détruire Paris et son plus emblême. Quelques années
plus tard, Superman, dans sa deuxième aventure à l'écran, sauve la capitale française et la tour. Il intercepte l'ascenseur dans lequel des preneurs
d'otages avait placé une bombe à hydrogène et l'envoie dans l'espace.
James Bond a toujours eu des relations difficiles avec les femmes de caractère. Alors qu'il déjeune au restaurant du premier
étage en compagnie de l'inspecteur Aubergine, celui-ci se fait assassiner. L'agent britannique saute sur un bateau qui passe
sur la Seine à la poursuite de l'assassin... La performance est intéressante étant donné que la tour Eiffel est loin de se
trouver au dessus de la Seine. Mais que serait James Bond sans ses incohérences humoristiques ?
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Cette filmographie reprend l'ensemble des films cités dans ce parcours thématique évoquant la capitale, ainsi que d'autres
films complémentaires sur le même sujet.
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Panorama pendant l'ascension de la tour Eiffel, série Films Lumière
opérateur inconnu
documentaire, muet, noir et blanc, 47s
Images de l'Exposition 1900
de Georges Méliès
documentaire, 1905, muet, noir et blanc
Monsieur Eiffel et sa tour, série Chroniques de France
de Georges Franju
documentaire, 1965, noir et blanc, 7min
de Jean-Louis Normand et Daniel Maillot
documentaire, 1984, couleur, 12min
Le mystère de la tour Eiffel
de Julien Duvivier
fiction, 1927, noir et blanc, 1h20min
La fin du monde
de Abel Gance et Eugène Deslaw
fiction, 1931, noir et blanc, 2h01min
L'homme de la tour Eiffel (The Man on the Eiffel Tower)
de Burgess Meredith
fiction, 1948, couleur, 1h22min
The Lavender Hill Mob (De l'or en barre)
de Charles Crichton
fiction, 1951, noir et blanc, 1h18min
Drôle de frimousse (Funny Face)
de Stanley Donen
avec Audrey Hepburn et Fred Astaire
fiction, 1956, couleur, 1h39min
Les plus belles escroqueries du Monde, L'homme qui vendit la tour Eiffel
réalisation collective
fiction, 1964, couleur, 1h51min
La grande course autour du monde (The Great Race)
de Blake Edwards
avec Tony CURTIS
fiction, 1965, couleur, 2h27min
A View to a Kill (Dangereusement vôtre)
de John Glen
fiction, 1985, couleur, 2h11min
Angel-A
de Luc Besson
fiction, 2005, noir et blanc, 1h30min
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Ciné Paris, Virginie Descure et Christophe Cesazza, Paris, Hors Collection, 2003
Le cinéma, catalogue d'exposition établi par Daniela Lamberini et Rosalia Manno Tolu, in De la Toscane à l'Europe de Gustave Eiffel, la tour Eiffel au bord de l'Arno, Livourne, Sillabe, 1999
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Paris clin d'oeil | |||||||
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Paris à la Belle Epoque, par Noël Herpe | |||||||
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Le Paris de René Clair, par Noël Herpe | |||||||
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Le Paris de François Truffaut, par François Porcile | |||||||
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Site officiel de la tour Eiffel : http://www.tour-eiffel.fr/ On y trouve des informations, des dossiers thématiques, des photos et une filmographie. |
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22 novembre 2008
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