Parcours
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par François Porcile
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P149 | |||||
Baisers volés
collection Paris Île-de-France
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Des 400 coups au Dernier métro, l'atmosphère de Paris imprègne la plupart des films de François Truffaut. On y découvre une capitale pleine de vie, celle
qu'appréciait tant cet homme de la rive droite.
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Le 19 mai 1965, François Truffaut informe son amie Helen Scott de son nouveau domicile : "J'habite depuis 3 jours rue de Passy, un 10e étage avec terrasse sur Paris. C'est fenêtre sur tour Eiffel." Le jeu de mots hitchcockien est révélateur de cette étonnante attirance qui lui fait commencer Baisers volés sur une image de la tour Eiffel, et situer juste en face d'elle, avenue de Camoëns, le lieu de l'arrestation du metteur en
scène Jean-Loup Cottins, dans Le dernier métro. Et c'est en hommage à son étrange pouvoir d'aimantation qu'avait été écrite cette scène, coupée au montage, de La peau douce, où Pierre et Nicole, dans une salle de cinéma de l'aéroport d'Orly, assistent à une projection du film de Nicole Védrès
Paris 1900, où l'on voit l'homme-oiseau , dans un accoutrement extravagant, se lancer dans le vide, après bien des hésitations, depuis le premier étage de la tour
Eiffel, et s'écraser au sol. "La première victime du cinéma, sans doute, commentait Pierre (Jean Desailly), car sans la présence des opérateurs venus filmer
l'événement, l'homme aurait certainement renoncé à sauter."
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La rive droite, pour Truffaut, ce sont évidemment les bureaux de production, les salles de cinéma et de projection des Champs-Elysées
et alentour, et bien sûr le siège de la rédaction des Cahiers du cinéma, époque jaune . Mais ce quartier, très allusivement, ne lui servira qu'une seule fois de décor : le restaurant Val d'Isère, rue de Berri
- disparu aujourd'hui - théâtre du meurtre final de La peau douce.
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Pour les extérieurs, Truffaut reste ancré dans son quartier, qu'il s'agisse de la séquence filmée en plongée de la sortie
de gymnastique des écoliers dont les rangs se clairsèment au fur et à mesure (hommage non dissimulé à la promenade de Zéro de conduite de Jean Vigo) ou de la place Clichy : Antoine va au Gaumont-Palace - lieu mythique saccagé par les bétonneurs - voir avec
ses parents le film de Jacques Rivette Paris nous appartient (qui sortira seulement deux ans après le tournage des 400 coups...) et, ayant séché la classe, surprend sa mère avec son amant devant la bouche du métro.
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Dès lors, le Paris privé de François Truffaut demeurera inscrit dans le 16e arrondissement (rue de Passy, avenue Pierre 1er
de Serbie), alors que ses films parisiens le ramènent vers l'est, Pigalle et Montmartre. Antoine Doinel est veilleur de nuit
dans un hôtel de la butte (Baisers volés), le théâtre Saint-Georges devient le théâtre Montmartre de Marion Steiner dans Le dernier métro. C'est dans un club de Pigalle qu'est tournée la fête de la première de la pièce, à l'issue de laquelle Bernard Granger agresse
le critique collabo Daxiat, et c'est dans l'église Notre-Dame-des-Victoires qu'a lieu l'arrestation du jeune résistant.
Après Le dernier métro, Truffaut s'éloigne de Paris pour ses deux derniers films : Grenoble (La femme d'à côté) et la presqu'île de Giens (Vivement dimanche !).
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Furtifs, allusifs, ses extérieurs parisiens - exception faite de la référence à la tour Eiffel - sont comme des notations
fragmentaires, rapides, des reflets de la vie. S'il s'attarde sur un lieu, c'est pour une raison précise : ainsi le long zoom
avant qui va isoler la grille fermée de la Cinémathèque du Palais de Chaillot, avec la dédicace en surimpression : "à Henri Langlois et à la Cinémathèque Française" au début de Baisers volés. Le tournage du film, en février 1968, coïncidait avec l'éclatement de l'affaire Langlois, provoquée par la tentative des
autorités de tutelle d'évincer de son poste de directeur le fondateur de la Cinémathèque française. Autrement, la caméra de
François Truffaut glisse sur les décors, n'en retient que des détails. C'est le mouvement de la vie qui compte. Bourgeoises
ou populaires, les rues qu'il filme ont un rôle fonctionnel, réservant quelquefois la surprise d'une enseigne signifiante
( "Muette photo" dans La peau douce).
Et pourtant, c'est bien l'atmosphère de Paris qui imprègne ses films, autant que ceux de Jacques Becker qu'il aimait tant. Un Paris commerçant, industrieux, agité, embouteillé. "Car la rue est toujours pleine de lumières et de bruit", chantait Charles Trenet dans Les enfants s'ennuient le dimanche, cette chanson citée dans L'argent de poche. Il y a dans le regard parisien de Truffaut quelque chose qui s'apparente à l'esprit des images que Robert Doisneau passa sa vie à guetter et capter à travers les rues de la capitale. Tendresse et ironie, mélange contradictoire de flânerie
et de précipitation, goût immodéré pour le "sirop de rue" dont parlait l'affichiste Savignac.
A quelques mois de sa mort, Truffaut écrivait à Robert Lachenay : "Les seuls souvenirs toujours frais et vivaces qui défileront sans cesse devant nous comme un film monté en boucle , eh bien ce seront ceux qui vont de Barbès à Clichy, des Abbesses à Notre-Dame-de-Lorette, du Ciné-Club Delta au Champollion..."
Selon son désir, ses cendres reposent au cimetière Montmartre, là où il avait tourné la séquence la plus émouvante de L'amour en fuite : l'enterrement de la mère d'Antoine Doinel, suivi de la rencontre entre Antoine et Monsieur Lucien, l'amant entraperçu dans
les bras de sa mère, place Clichy, vingt ans auparavant.
Aujourd'hui, il y a deux rues Truffaut dans Paris : celle où il avait jadis souhaité habiter, et la sienne, qui longe le parc
de Bercy, perpendiculaire à la Seine. Un quartier qui ne lui était guère familier, mais situé tout de même rive droite !
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de François Truffaut
avec Jean-Pierre Léaud
fiction, 1971, couleur, 2h04min
de François Truffaut
avec Charles Aznavour
fiction, 1960, noir et blanc, 1h18min
Parlez !...On tourne, série 5 Colonnes à la une
de Pierre Desgraupes
documentaire, 1959, noir et blanc, 7min
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Le Paris de Jean-Pierre Léaud, par Serge Le Péron | |||||||
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Le Paris de la Nouvelle Vague, par Jean Douchet | |||||||
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Le Paris de Jacques Becker, par Claude Naumann | |||||||
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Histoires de voisinage | |||||||
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Encyclopédie libre Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Doinel Des informations sur le personnage d'Antoine Doinel. Doinel et Truffaut, Doinel et le personnage de Christine Darbon (Claude
Jade), l'influence de Jean Renoir, anecdotes…
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Arte : http://www.arte.tv/fr/cinema-fiction/francois-truffaut/638312.html Un dossier spécial sur François Truffaut. |
François Porcile
Réalisateur et conseiller musical de différents cinéastes (dont François Truffaut), François Porcile est également scénariste, écrivain, historien du cinéma et musicologue.
octobre 2004
mise à jour 30 juillet 2008
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