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Parcours
Anna
Une comédie musicale pop
P2

collection Paris Île-de-France
Coup de coeur pour un film rarement diffusé sur les écrans, Anna de Pierre Koralnik, réalisateur suisse connu essentiellement pour son travail de documentariste et ses portraits d'artistes.


Une ode aux sixties
Cette comédie musicale pop composée par Serge Gainsbourg a été réalisée pour la télévision en 1967. Il s'agit d'un des tout premiers programmes en couleurs diffusés en France. Ce statut de téléfilm lui vaut malheureusement de ne pas figurer dans les anthologies du cinéma et d'être bien souvent ignorée voire dénigrée comme un simple témoignage kitsch des années 1960. Il aura fallu attendre la mort de Serge Gainsbourg pour voir Arte rediffuser ce programme lors d'une soirée hommage. Seul survit à l'oubli général le tube Sous le soleil exactement chanté par Anna Karina.

Avec le recul, cependant - même si effectivement Jean-Claude Brialy fait des efforts méritoires mais peu concluants pour chanter juste - on regarde cette comédie musicale avec plaisir comme on retrouve, adulte, le goût acidulé des roudoudous. Certaines scènes comme les Roller girls sont de véritables odes aux années 1960, à cette modernité consumériste américaine qui déferle sur la France. Gainsbourg y joue avec les anglicismes pour inventer une pop music hexagonale.



Un témoignage sur Gainsbourg
En ce sens, il s'agit bien d'un témoignage sur Serge Gainsbourg lui-même. Sur cette période de sa vie où il est désespéré par l'échec de sa carrière de chanteur à texte . Sa tournée en première partie de Barbara est un échec. Le public ne l'accepte pas. Il se lance alors avec cynisme et hargne dans la facilité de la pop musique et ses récompenses sonnantes et trébuchantes. En 1965, après le succès mondial de Poupée de cire, poupée de son, il déclare à la télévision au cours d'une interview réalisée par Denise Glaser : "J'ai retourné ma veste parce que de toute façon je me suis aperçu que la doublure était en vison. […] Je suis à un âge où il faut réussir ou alors abandonner... J'ai fait un calcul très simple, mathématique... Je prends douze titres, pour moi, sur un 33 tours de prestige, jolie pochette, des titres très élaborés, précieux. Sur ces douze titres, deux passent sur les antennes, les dix autres sont parfaitement ignorés. J'écris douze titres pour douze interprètes différents ; les douze sont un succès. […] Je trouve qu'il est plus acceptable de faire du rock sans prétention littéraire que de faire de la mauvaise chanson à prétention littéraire. Ça, c'est vraiment pénible."

"Quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on a" disait le Gainsbourg de cette époque, qui composait Dr. Jekyll et Mr. Hyde… On retrouve dans cette vision de la chanson comme art mineur le mélange d'attraction/répulsion pour le succès qui l'opposera bien plus tard à Guy Béart dans une émission d'Apostrophes de Bernard Pivot. Cette attraction/répulsion pourrait alors se résumer par les lignes de Bossuet que, dans Anna, Gainsbourg cite nonchalamment à un Jean-Claude Brialy sidéré : "Qu'est-ce donc que la vie des sens, qu'un mouvement alternatif qui va de l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit, de l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit..."

De cette période de la carrière de Gainsbourg surgit un Paris sixties clinquant et sucré, le règne et la victoire de l'argent roi avec, en contrepoint, l'incroyable force poétique du visage lumineux d'Anna Karina tapissant les murs de la ville.


En écho
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Serge Gainsbourg

 

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février 2003
mise à jour 1 décembre 2008

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