Et là-bas, quelle heure est-il ?
|
La ville bruissante et anonyme est le théâtre de rencontres hasardeuses et troublantes qui, parfois, prêtent à confusion.
Qui n'a jamais cru, au coin d'une rue, reconnaître une silhouette, une coiffure familière ? Dans
Les trottoirs de Saturne de Hugo Santiago, Fabian Cortès, exilé d'un pays fictif d'Amérique latine, a souvent l'illusion, la nuit, d'apercevoir le
fantôme d'un célèbre musicien dont il sait pertinemment qu'il n'est plus de ce monde. De même Marie (
Sous le sable de François Ozon) converse avec son mari disparu. Ici, le traitement de l'image, réaliste, plonge le spectateur dans le doute.
Dans
Fantômes de Jean-Paul Civeyrac, Mouche évoque son amant mort, qu'elle enlace, tandis que dans la capitale des gens disparaissent mystérieusement.
Cinéaste lyrique et mélancolique, Jean-Paul Civeyrac filme des récits d'amour qui unissent des vivants et des morts. De même
Jacques Rivette, qui fait revenir les morts parmi nous (
Histoire de Marie et Julien). Enfin, Tsai Ming Liang instaure par la voie des esprits des liens entre Taipei et Paris (
Et là-bas, quelle heure est-il ?). Des décors aux personnages, le talent du septième art n'est-il pas de nous faire croire à l'invraisemblable ?