LE PORTAIL DES FILMS
SUR PARIS ET LA REGION ILE-DE-FRANCE

 

Île de France

Mairie de Paris

 

Parcours
Paris imaginaire
P101
La nuit fantastique
collection Paris Île-de-France
Une enquête angoissante, des personnages décalés, des décors irréels et le tour est joué : Paris n'est plus la même. Les signes réconfortants d'un décor familier sont détournés.

Vrai ou faux ? Rêve ou cauchemar ? Comment les réalisateurs réussissent-ils à nimber la Ville lumière de fantastique et de mystère, elle si identifiable et apparemment immuable avec ses toits de tôle gris, ses immeubles haussmanniens, sa tour Eiffel ?


Décorer, transformer, décaler
Mauvais sang
Souhaitant transformer la ville en lieu fantastique sans en altérer la réalité, des cinéastes comme Jean-Jacques Beinex (Diva), Léos Carax (Les amants du Pont-Neuf, Mauvais sang, Boy meets girl) et Luc Besson (Subway) ont coloré la capitale d'une esthétique formelle caractéristique de la décennie 1980-1990. Le choix d'une couleur particulière (le rouge dans Mauvais sang par exemple) ou du noir et blanc (Boy meets girl), le lyrisme du scénario dessinent un climat irréel et fantastique. Même si les lieux sont identifiables (le Pont-Neuf, le métro, les quais de Seine), leur traitement, influencé par le clip et la publicité, les rend improbables. Paris est une ville rêvée, réinventée.

Moins formelle et plus conceptuelle, l'oeuvre de Robert Benayoun, Paris n'existe pas, avait déjà ouvert les voies d'une représentation d'un Paris poétique et irréel sur le thème du pouvoir de la pensée à remonter le temps. Inspiré par le courant surréaliste, Paris n'existe pas est un film d'avant-garde, inclassable et pourtant précurseur des courants à venir.


De l'absurde au merveilleux
Touche pas à la femme blanche
Autre piste de travail pour les amoureux du fantastique : garder le décor, mais en y implantant une trame inquiétante ou imaginaire. Des cinéastes comme René Clair (Paris qui dort), Marcel L'Herbier (La nuit fantastique), Jacques Rivette (Duelle, Céline et Julie vont en bateau, Paris nous appartient), Raoul Ruiz (L'éveillé du pont de l'Alma, Généalogies d'un crime, La comédie de l'innocence, Trois vies et une seule mort), Roman Polanski (Le locataire) ou encore Luis Bunuel (Le charme discret de la bourgeoisie) appartiennent à cette veine de réalisateurs qui travaillent à la frontière du réel et de l'imaginaire, exploitant les lieux du quotidien pour partir dans le fantasme. Pas ou peu de trucages : c'est le décalage entre la situation dramatique, le discours des personnages et les lieux qui nourrissent l'imagination. Ce détournement du décor parisien est aussi au cœur du travail de Marco Ferreri lorsqu'il tourne la bataille de Little Big Horn dans le trou des Halles (Touche pas à la femme blanche) ou de Bertrand Blier dans sa représentation des tours de La Défense (Buffet froid). Exploitant un imaginaire plus joyeux, Woody Allen se réapproprie la capitale pour la transformer en décor de comédie musicale, renouant ainsi avec la veine du merveilleux (Tout le monde dit I love you).


Capitale des fantômes
Et là-bas, quelle heure est-il ?
La ville bruissante et anonyme est le théâtre de rencontres hasardeuses et troublantes qui, parfois, prêtent à confusion. Qui n'a jamais cru, au coin d'une rue, reconnaître une silhouette, une coiffure familière ? Dans Les trottoirs de Saturne de Hugo Santiago, Fabian Cortès, exilé d'un pays fictif d'Amérique latine, a souvent l'illusion, la nuit, d'apercevoir le fantôme d'un célèbre musicien dont il sait pertinemment qu'il n'est plus de ce monde. De même Marie (Sous le sable de François Ozon) converse avec son mari disparu. Ici, le traitement de l'image, réaliste, plonge le spectateur dans le doute. Dans Fantômes de Jean-Paul Civeyrac, Mouche évoque son amant mort, qu'elle enlace, tandis que dans la capitale des gens disparaissent mystérieusement. Cinéaste lyrique et mélancolique, Jean-Paul Civeyrac filme des récits d'amour qui unissent des vivants et des morts. De même Jacques Rivette, qui fait revenir les morts parmi nous (Histoire de Marie et Julien). Enfin, Tsai Ming Liang instaure par la voie des esprits des liens entre Taipei et Paris (Et là-bas, quelle heure est-il ?). Des décors aux personnages, le talent du septième art n'est-il pas de nous faire croire à l'invraisemblable ?


Filmographie sélective
de René Clair
avec Albert Préjean
1923, 34min
de Jacques Rivette
1958, 2h16min
de Luis Bunuel
avec Fernando Rey
1972, 1h37min
de Jacques Rivette
avec Juliet Berto
1974, 3h06min
de Jacques Rivette
avec Bulle Ogier
1976, 1h56min
de Léos Carax
avec Denis Lavant
1984, 1h40min
de Raoul Ruiz
avec Michael Lonsdale
1985, 1h13min
de Hugo Santiago
avec Rodolfo Mederos
1985, 2h20min
de Léos Carax
avec Denis Lavant
1986, 1h54min
de Raoul Ruiz
avec Marcello Mastroianni
1995, 2h01min
de Raoul Ruiz
avec Catherine Deneuve
1996, 1h49min
de Woody Allen
1996, 1h37min
de Raoul Ruiz
avec Isabelle Huppert et Jeanne Balibar
2000, 1h43min
de Jean-Paul Civeyrac
avec Dina Ferreira
2000, 1h29min
de François Ozon
avec Charlotte Rampling
2000, 1h36min
Bibliographie
Paris au cinéma, N.T. Binh et Franck Garbarz, Parigramme, 2003
En écho
Sur le site du Forum des images
Paris vu par le cinéma fantastique

 

Le surréalisme

 

Le Paris de René Clair, par Noël Herpe

 

Le Paris de Raoul Ruiz, par Cyril Béghin

 

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novembre 2004
mise à jour 21 novembre 2008

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