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Sur les terres de Nicolas Philibert
P43
La ville Louvre
collection Paris Île-de-France
Témoin discret et cinéaste attentif, Nicolas Philibert nous fait partager, de film en film, sa curiosité et sa joie de l'étonnement. Une sélection des films parisiens de ce réalisateur qui ne voit pas de frontières entre documentaire et fiction.


Un animal, des animaux
 
Grands cerfs et gazelles, singes et zèbres, hippopotames, éléphants, girafes et autres animaux naturalisés poursuivent impassiblement leur route dans la grande benne d'un camion qui rejoint la rue Buffon. C'est le premier plan de Un animal, des animaux, que Nicolas Philibert réalisait en 1994, après avoir filmé les travaux de rénovation de la galerie de l'évolution du Museum national d'histoire naturelle. La collection animalière du musée, riche de quelques milliers d'exemplaires d'animaux et de végétaux de tous les genres et de tous les pays, était restaurée devant la camera du cinéaste.

Dans ce film, Nicolas Philibert est le témoin attentif et curieux de la renaissance des animaux que l'on voit filmés comme des fidèles reproductions de la nature aux yeux de peluche. L'oeil du cinéaste se plonge dans les regards perdus de ces bêtes fabuleuses et paralysées, reconstitutions immobiles du mouvement de la nature qui forment un catalogue scientifique illustré, tout en étant les acteurs d'un spectacle de découvertes qui fascine le visiteur de la grande galerie.


La ville Louvre
 
Quelques années plus tôt, en 1990, Nicolas Philibert s'était faufilé dans les coulisses grouillantes du plus grand musée parisien, dont on dit qu'il est aussi le plus grand du monde. Le Louvre s'habillait en Grand Louvre et Philibert en faisait une ville.

Ainsi, dans La ville Louvre, on assiste aux chassés-croisés de dizaines de corps de métiers : agents d'accueil, surveillants et techniciens d'art, conservateurs, historiens et scientifiques font vivre les œuvres d'art et mettent en scène l'histoire de la culture.


Le pays des sourds
 
Toujours sans l'ombre d'un commentaire, mais avec l'œil d'un pionnier en quête d'étonnement, Nicolas Philibert construit finement ses films autour d'un fil narratif ténu ; ses œuvres sont construites de telle sorte qu'elles se situent à la frontière du documentaire et de la fiction.

Loin des lieux communs et sans a priori, le cinéaste parcourt des terres comme celles du Pays des sourds (1992) où, de la surdité à la pratique de la langue des signes, l'intelligence d'un monde silencieux se dévoile, avec d'autres perceptions, d'autres apprentissages, avec les mêmes peines et les mêmes joies.


La moindre des choses
 
La dimension sociale est toujours présente dans les films du cinéaste, avec le souci constant de ce qui se vit ensemble. Dans La moindre de choses (1996), les fous de l'hôpital de La Borde vivent l'enchantement social de répéter une pièce de Gombrowicz, qu'ils présentent à leur famille et à leurs amis. Le film, l'un des plus émouvants et des plus aboutis du cinéaste, a reçu le prix du public aux Rencontres internationales de cinéma à Paris, qui ont fait l'objet d'un reportage de Vincent Jorel (Rencontres internationales de cinéma à Paris en 1996, 1997), dans lequel Nicolas Philibert est interviewé.



Etre et avoir
 
"Être et avoir commence par une tempête de neige, et se termine par un arbre en fleur. Étant donné le sujet du film de Nicolas Philibert, la classe unique de l'école primaire de Saint-Etienne-sur-Usson (Puy-de-Dôme), cette façon climatique d'envisager les choses, du fin fond de l'hiver au plein été, est adéquate. On sait en effet que l'école peut être buissonnière et qu'assis aux bancs de l'enseignement républicain, on a tous un jour ou l'autre rêvé à la fenêtre. C'est la méthode bienheureuse du film : regarder au plus près d'une dizaine de gamins et de leur instituteur, pour aller voir ailleurs." Gérard Lefort (Libération - 20 mai 2002)


Nénette
 
Nénette est un orang-outang, née en 1963 dans les forêtes de Bornéo. En 2009, Nicolas Philibert la filme à la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris, où elle vit depuis 1972. "Je voulais filmer Nénette de manière frontale, à travers la vitre de sa cage, comme la voient les visiteurs. Capter ces moments troublants, comme suspendus, hors du temps, où elle nous regarde, elle aussi." Le cinéaste explique son parti pris pour filmer ce face à face : "le film repose d'un bout à l'autre sur une disjonction entre l'image et le son, de sorte qu'on voit les animaux sans jamais les entendre, et qu'on entend les humains sans jamais les voir. Il n'y a pas de contre-champ. Pas d'échappatoire."


La maison de la radio
 
Pendant six mois, Nicolas Philibert a posé sa caméra dans l'enceinte de La maison de la radio (2012), dans les coulisses de la fabrique du son. Vingt ans après La ville Louvre, le documentariste s'intéressse moins à l'institution qu'à "cette relation bien particulière à la voix, à la parole, à la langue, aux sons, au silence, à l’écoute", qui nous lie à la radio. Nicolas Philibert donne un visage et des images à ces voix familières en filmant l'enregistrement des émissions radiophoniques. "Un film sur la radio... et le reste du monde. Un film sur du son, en somme." (Nicolas Philibert)


Bibliographie
 
"Ecoute voir", Camille Traboulay, in Cahiers du cinéma, n°465, mars 1993
"Entretien avec Nicolas Philibert", Camille Traboulay et Frédéric Strauss, in Cahiers du cinéma, n°465, mars 1993
"La moindre des choses", Nicolas Philibert, in Trafic, n°21, printemps 1997
"Après l'explosion", Frédéric Strauss, in Cahiers du cinéma, n°511, mars 1997
"Entretien avec Nicolas Philibert", Thierry Jousse et Jean-Marc Lalanne, in Cahiers du cinéma, n°511
"La confiance au premier rang", Samuel Douhaire, in Libération, 22 mai 2002
"Philibert, cinéaste de l'invisible", Jean-Michel Frodon, in Le Monde, 19 mai 2002
Copyright Forum des images
août 2002
mise à jour 28 janvier 2016

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