LE PORTAIL DES FILMS
SUR PARIS ET LA REGION ILE-DE-FRANCE

 

Île de France

Mairie de Paris

 

Parcours
Luc Moullet
P38
Luc Moullet dans Anatomie d'un rapport
collection Paris Île-de-France
Avec Luc Moullet, pas de repères possibles, l'homme fait tout (écrit, produit et joue), faisant éclater les catégories (il passe du court au long métrage avec aisance) et les genres (chez lui, les documentaires sont comme des fictions). Car l'ancien critique des Cahiers du cinéma est avant tout, comme il le dit lui-même, un "faiseur de films".


"Luc Moullet est sans doute le seul héritier à la fois de Bunuel et de Tati." Jean-Marie Straub

Comment reconnaître un film de Luc Moullet ?
 
Roland Blanche et Jean Abeillé dans La comédie du travail
Dès son premier film (Brigitte et Brigitte, 1965), l'homme a une marque de fabrique : son humour, décalé et impertinent, fil conducteur d'une œuvre totalement libre, capable de traiter des sujets sérieux, ceux qu'on appelle "de société", ou d'autres plus inattendus.

C'est ainsi que la filmographie de Luc Moullet est une des plus éclectiques qui soient : il y est question du chômage (La comédie du travail, prix Jean Vigo 1988), de l'industrie alimentaire (Genèse d'un repas, 1978), de cinéphilie (Les sièges de l'Alcazar, 1989), mais aussi des chiens (L'empire de Médor, 1986), d'Imphy, capitale de la France (1994) plus centrale que Paris, de hold-up (Une aventure de Billy le Kid, 1971), de cyclistes philosophes (Parpaillon, 1993) ou bien encore des tourniquets du métro (Barres, 1983).

Luc Moullet réalise par ailleurs avec beaucoup de liberté, sur un ton mi-moqueur mi-sérieux, les films institutionnels qui lui ont été commandités, tels que Aerroporrrt d'Orrrrly (1990) et La valse des médias (1987).


"Il est plus facile de faire un film que d'apprendre à nager" ou les mésaventures d'un corps de cinéaste
 

Luc Moullet dans Anatomie d'un rapport
Homme de défi, Luc Moullet a commencé à jouer dans ses films pour des raisons économiques, mais aussi pour accepter un corps et une voix que le cinéaste juge peu agréables. Comme Woody Allen, Nanni Moretti ou Jacques Tati, et de plus en plus Jean-Luc Godard, dont Moullet pourrait être un cousin farceur, il a fait de son corps - et de sa voix - la matière première et le défi de nombre de ses récits filmiques.

Dans Anatomie d'un rapport (1975), la nudité de Luc Moullet est au centre de l'écran, le cinéaste utilisant le ridicule de certaines situations comme ressort comique. Pour Ma première brasse (1981), autobiographie distanciée d'un réalisateur masochiste, le cinéaste apprend à nager.

Luc Moullet figure également dans différents films français, dont A la belle étoile (Antoine Desrosières, 1993) et Liberty belle (Pascal Kané, 1983). Il n'est donc pas étonnant que le cinéaste ait rendu hommage au travail de l'acteur dans Politique des acteurs (Cahiers du cinéma, 1993), un essai qui brise la coupure entre l'acteur "soumis" et le cinéaste "penseur".



Luc Moullet versus Jean-Luc Godard
 
"Moullet, c'est Courteline revu par Brecht." Jean-Luc Godard

Luc Moullet revient régulièrement à la figure de Jean-Luc Godard, son père de cinéma en quelque sorte, ou du moins celui qui l'encouragea à passer derrière la caméra lorsqu'il était critique de cinéma aux Cahiers.

C'est bien sûr avec malice que Moullet fait intervenir Godard. Jean-Luc selon Luc (2006, 7min), réalisé à l'occasion de l'exposition rétrospective à Beaubourg, fut tourné un matin, dans l'appartement de Moullet. "Je suis parti de la célèbre séquence des Carabiniers (dont mon frère était l’un des deux protagonistes), où nos deux « héros » alignent toutes les merveilles et richesses de la terre, réduites en cartes postales, révélant ainsi la vanité de la possession et de la vie humaine. Réponse du berger à la bergère, j’ai donc essayé d’identifier quelques traits caractéristiques de l’oeuvre godardienne à l’aide de cartes postales."

Dans Le prestige de la mort, sorti en juin 2007, Moullet filme sa difficulté à faire des films. Mais comme Paul Vecchiali, un autre libertaire, l'avait fait dans A vot' bon coeur, c'est avec humour et surtout sans misérabilisme. La découverte d'un cadavre en montagne lui donne l'idée de mettre en scène sa propre mort. Le corps du cinéaste encore et toujours est au coeur de son cinéma. La farce tourne court : ce cadavre n'est autre que celui d'un cinéaste bien connu. Godard, bien sûr.


Filmographie
 
Luc Moullet réalisateur
de Luc Moullet
documentaire, 1990, couleur, 7min
de Luc Moullet et Antonietta Pizzorno
fiction, 1975, noir et blanc, 1h19min
de Luc Moullet
fiction, 1983, couleur, 14min
de Luc Moullet
fiction, 1965, noir et blanc, 1h12min
de Luc Moullet
documentaire, 1994, couleur, 26min
de Luc Moullet
documentaire, 1986, couleur, 13min
de Luc Moullet
fiction, 1987, couleur, 1h25min
de Luc Moullet
documentaire, 1987, couleur, 27min
Les minutes d'un faiseur de films, série Lettre d'un cinéaste
de Luc Moullet
documentaire, 1983, noir et blanc, 13min
de Luc Moullet
fiction, 1989, couleur, 52min
Et aussi...
de Antoine Desrosières
avec Mathieu Demy
fiction, 1993, couleur, 1h22min
Le cinéma des Cahiers, Cinquante ans d'histoires d'amour du cinéma
de Edgardo Cozarinsky
documentaire, 2001, couleur, 1h30
de Gérard Courant
documentaire, 1999, couleur, 58min
de Pascal Kané
fiction, 1983, couleur, 1h49min
Bibliographie
 
La politique des acteurs, Luc Moullet, Paris, Cahiers du cinéma, 1993
Luc Moulllet : le contrebandier (biographie), Jean-Paul Combe et Hervé Guitton, Paris, Pantin, Lausanne, Cinémathèque française, Ciné 104 et Cinémathèque suisse, 1993
En écho
 
Parcours thématiques
Cinéma burlesque, par le Forum des images

 

Le Paris de Jean-Luc Godard, par Alain Bergala

 

Sur internet
http://www.critikat.com/article1373.html
Sur le site cinéma Critikat, entretien avec le cinéaste, réalisé le 8 juin 2007, à l'occasion de la sortie du film "Le prestige de la mort"

Copyright Forum des images
juin 2002

Partenaires