Parcours
Avec Luc Moullet, pas de repères possibles, l'homme fait tout (écrit, produit et joue), faisant éclater les catégories (il
passe du court au long métrage avec aisance) et les genres (chez lui, les documentaires sont comme des fictions). Car l'ancien
critique des Cahiers du cinéma est avant tout, comme il le dit lui-même, un "faiseur de films".
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"Luc Moullet est sans doute le seul héritier à la fois de Bunuel et de Tati." Jean-Marie Straub |
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C'est ainsi que la filmographie de Luc Moullet est une des plus éclectiques qui soient : il y est question du chômage (La comédie du travail, prix Jean Vigo 1988), de l'industrie alimentaire (Genèse d'un repas, 1978), de cinéphilie (Les sièges de l'Alcazar, 1989), mais aussi des chiens (L'empire de Médor, 1986), d'Imphy, capitale de la France (1994) plus centrale que Paris, de hold-up (Une aventure de Billy le Kid, 1971), de cyclistes philosophes (Parpaillon, 1993) ou bien encore des tourniquets du métro (Barres, 1983).
Luc Moullet réalise par ailleurs avec beaucoup de liberté, sur un ton mi-moqueur mi-sérieux, les films institutionnels qui
lui ont été commandités, tels que Aerroporrrt d'Orrrrly (1990) et La valse des médias (1987).
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Dans Anatomie d'un rapport (1975), la nudité de Luc Moullet est au centre de l'écran, le cinéaste utilisant le ridicule de certaines situations comme
ressort comique. Pour Ma première brasse (1981), autobiographie distanciée d'un réalisateur masochiste, le cinéaste apprend à nager.
Luc Moullet figure également dans différents films français, dont A la belle étoile (Antoine Desrosières, 1993) et Liberty belle (Pascal Kané, 1983). Il n'est donc pas étonnant que le cinéaste ait rendu hommage au travail de l'acteur dans Politique des acteurs (Cahiers du cinéma, 1993), un essai qui brise la coupure entre l'acteur "soumis" et le cinéaste "penseur".
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"Moullet, c'est Courteline revu par Brecht." Jean-Luc Godard Luc Moullet revient régulièrement à la figure de Jean-Luc Godard, son père de cinéma en quelque sorte, ou du moins celui qui
l'encouragea à passer derrière la caméra lorsqu'il était critique de cinéma aux Cahiers.
C'est bien sûr avec malice que Moullet fait intervenir Godard. Jean-Luc selon Luc (2006, 7min), réalisé à l'occasion de l'exposition rétrospective à Beaubourg, fut tourné un matin, dans l'appartement de
Moullet. "Je suis parti de la célèbre séquence des Carabiniers (dont mon frère était l’un des deux protagonistes), où nos deux « héros » alignent toutes les merveilles et richesses de
la terre, réduites en cartes postales, révélant ainsi la vanité de la possession et de la vie humaine. Réponse du berger à
la bergère, j’ai donc essayé d’identifier quelques traits caractéristiques de l’oeuvre godardienne à l’aide de cartes postales."
Dans Le prestige de la mort, sorti en juin 2007, Moullet filme sa difficulté à faire des films. Mais comme Paul Vecchiali, un autre libertaire, l'avait
fait dans A vot' bon coeur, c'est avec humour et surtout sans misérabilisme. La découverte d'un cadavre en montagne lui donne l'idée de mettre en scène
sa propre mort. Le corps du cinéaste encore et toujours est au coeur de son cinéma. La farce tourne court : ce cadavre n'est
autre que celui d'un cinéaste bien connu. Godard, bien sûr.
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Les minutes d'un faiseur de films, série Lettre d'un cinéaste
de Luc Moullet
documentaire, 1983, noir et blanc, 13min
Le cinéma des Cahiers, Cinquante ans d'histoires d'amour du cinéma
de Edgardo Cozarinsky
documentaire, 2001, couleur, 1h30
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Cinéma burlesque, par le Forum des images | |||||||
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Le Paris de Jean-Luc Godard, par Alain Bergala | |||||||
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http://www.critikat.com/article1373.html Sur le site cinéma Critikat, entretien avec le cinéaste, réalisé le 8 juin 2007, à l'occasion de la sortie du film "Le prestige
de la mort"
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juin 2002
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