Parcours
Suivons le fil (rouge) des films de Romain Goupil, cinéaste militant et Parisien de toujours... |
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"Pourquoi fait-on de la politique à seize ans ?" demandait Marguerite Duras à un lycéen dans un reportage du magazine Dim Dam Dom. C'était en 1968 et le lycéen, auréolé d'un récent passage en conseil de discipline pour activisme politique, s'appelait
Romain Goupil. A plus de trente ans d'écart, ce document, Les lycéens ont la parole, témoigne de la remarquable cohérence de parcours de ce cinéaste, dont la vie et les films se font écho.
C'est à l'adolescence que Romain Goupil, "sorte de double gauchiste d'Antoine Doinel" selon la formule d'un critique, commence à filmer les quatre cents coups de sa bande de copains, mettant en scène de petites
saynètes à la manière des burlesques américains. Quand vient Mai 68, qu'il milite contre la guerre du Viêtnam et rejoint les
rangs de la Jeunesse communiste révolutionnaire aux côtés de son ami Recanati, sa caméra continue de filmer assemblées et
manifestations, blagues de potache et activités militantes.
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Dix ans plus tard, c'est le suicide de Michel Recanati qui conduit Romain Goupil à revenir sur leur passé commun et tenter
de raconter, à partir de ces films de jeunesse, leur parcours personnel et politique. Jusqu'alors assistant réalisateur, notamment
auprès de Robert Ménégoz (A Paris, 1972), Chantal Akerman ou encore Coluche (dont il filmera en 1981 l'insolente campagne électorale dans Coluche Président), il signe son premier long métrage, Mourir à trente ans (1982), bouleversant autoportrait d'une génération, qui reçoit la Caméra d'or au Festival de Cannes et le César de la Meilleure
première œuvre.
Ce dialogue avec ceux de sa génération se poursuit dans la plupart des films de Romain Goupil : sous l'angle de la fiction
- de La java des ombres (1983) à A mort la mort ! (1998), film dans lequel il interprète, non sans humour, un - séduisant - ex-gauchiste quinquagénaire, inquiet de croiser
désormais ses anciens camarades "plus souvent au cimetière qu'aux manifs" ; ou par le biais du documentaire, qu'il pratique voloniers à la première personne, estompant les frontières entre sa propre
vie et son activité de cinéaste. Dans Lettre pour L (1993) dédiée à une amie condamnée par la maladie pour laquelle il veut faire un "film bien", il part avec sa caméra filmer Gaza, Belgrade ou Sarajevo en guerre, confrontant leurs idéaux d'hier aux réalités du monde
d'aujourd'hui.
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Car la fidélité revendiquée de ce cinéaste à son passé et à sa famille politique échappe à la nostalgie complaisante, en allant
de pair avec un ancrage bien réel dans son époque (Sa vie à elle aborde la question du voile islamique), un goût prononcé pour l'autodérision et l'humour (Maman, 1989), et une propension naturelle à la révolte et à l'action politique. En témoigne son engagement dans le mouvement des
cinéastes pour la régularisation des sans-papiers, en 1997, qui est à l'origine d'Une pure coïncidence, réalisé en 2002. On y retrouve Coyote, Baptiste et les autres, croisés gamins dans Mourir à trente ans, et embarqués cette fois par leur copain Romain dans une aventure digne des "pieds-nickelés" qui relate une incroyable opération de démantèlement d'un trafic de clandestins, en plein Paris. Fiction ou documentaire
? Toute ressemblance avec des personnages existants ne serait qu'une pure coïncidence...
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Années 1960 - Paris, Mai 68 | |||||||
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Un siècle de documentaires | |||||||
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juin 2002
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