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Parcours
Philippe Garrel
P22
Garrel, père et fils, dans Les baisers de secours
collection Paris Île-de-France
Héritier de la Nouvelle Vague, Philippe Garrel a réalisé une oeuvre exigeante et intimiste, qui prend souvent pour décor Paris.


Un héritier de la Nouvelle Vague
Philippe Garrel appartient à la génération de cinéastes, comme notamment Benoît Jacquot ou Chantal Akerman, qui ont été regroupés sous le nom de "nouvelle Nouvelle Vague", en s'inscrivant d'emblée dans une tradition de cinéma d'auteur. Paris vu par… 20 ans après, un film à sketches où plusieurs jeunes réalisateurs filment la ville vingt après les cinéastes de la Nouvelle Vague, explicite bien cette volonté de filiation. Rappelons aussi que le sketch réalisé et en partie joué par Philippe Garrel a pour acteur principal Jean-Pierre Léaud, l'une des figures emblématiques de la Nouvelle Vague (Paris vu par… 20 ans après, 3- Rue Fontaine).


Les écorchés vifs
Dès Les enfants désaccordés, un court métrage en noir et blanc réalisé en 1964, Philippe Garrel invente un univers peuplé de personnages en marge, en proie au désœuvrement et au mal de vivre. Son premier long métrage, Marie pour mémoire (1967) décline également ce désespoir, cette peine à s'intégrer dans la vie, dans la société.

La passion amoureuse, la solitude au sein du couple, la rupture deviennent rapidement des thèmes récurrents, voire obsessionnels. Ainsi L'enfant secret (1982) capte avec subtilité et précision l'évanouissement silencieux de l'amour entre un jeune cinéaste et sa compagne. Liberté, la nuit (1983) décrit la violence des sentiments amoureux sur fond de guerre d'Algérie. Quant à Sauvage innocence (2001), il s'agit d'une oeuvre bouleversante et désespérée sur la naissance de l'amour, la douleur et l'égoisme de la création, et surtout les ravages de la drogue.


L'écriture de soi : l'art, l'amour, le couple, l'enfant
Philippe Garrel construit des fictions introspectives nourries d'éléments autobiographiques. A travers cette écriture de soi, vivre sa vie pour la filmer et filmer pour (sur)vivre, ne font qu'un. Les principaux personnages masculins sont presque toujours des artistes, des "alter ego" du réalisateur hantés par la conception et la création, qu'il s'agisse de la genèse d'une œuvre ou de la naissance d'un enfant.

Ainsi, dans Le cœur fantôme (1995), le peintre, incarné par Luis Rego, s'interroge parallèlement sur son activité artistique et sur son rôle de père. Au cours d'émouvantes scènes de tête-à-tête, il fait part de ses doutes et ses questionnements à son père, interprété par le propre père du réalisateur, Maurice Garrel, très souvent présent dans l'œuvre de son fils. Cette mise en abyme atteint son apogée dans Les baisers de secours (1989) où Garrel interprète lui-même le personnage principal, un cinéaste marginal qui se déchire avec sa compagne autour de la transposition de leur vie de couple dans un film en préparation. Dans J'entends plus la guitare (1991), le réalisateur rend un hommage superbe et mélancolique à la chanteuse Nico qui fut sa compagne et sa muse, à travers le personnage de Marianne, jeune femme sensible et tourmentée, se consumant dans la drogue.


Une détresse originelle
En 1998, Philippe Garrel offre un très beau rôle de femme mûre désabusée à Catherine Deneuve dans Le vent de la nuit, qui raconte l'histoire de trois personnes habitées par des secrets, des déceptions, et qui ont perdu la force de vivre. Même lorsqu'il tourne avec des acteurs célèbres, le cinéma de Philippe Garrel reste confidentiel et en marge, à l'image de ses personnages qui sont unanimement marqués par un désarroi profond, une fêlure originelle. En adoptant un style intransigeant et expérimental, le cinéaste les contemple et les révèle avec délicatesse, à travers de longs plans-séquences poétiques souvent silencieux. Ce parti pris, qui consiste à filmer les visages comme des paysages, est radicalisé dans Les hautes solitudes (1974), portrait muet, sublime et lancinant de l'actrice Jean Seberg.


Des figures errantes et évanescentes
Le sentiment d'être égaré dans la vie, une des caractéristiques de cet univers sombre et dépouillé, va de pair avec l'errance. Cela donne lieu à des scènes quasi oniriques d'une grande beauté plastique, où les personnages sillonnent la ville, traversent indéfiniment des lieux de passage (le métro, le café, l'hôtel) comme des ombres incapables d'habiter le monde. La naissance de l'amour (1993) illustre particulièrement bien ces parcours incessants à travers les vagabondages nocturnes de Lou Castel, qui interprète un père désemparé devant la vie de famille.


En écho
Parcours thématiques
Le Paris de Jean-Pierre Léaud, par Serge Le Péron

 

Le Paris de la Nouvelle Vague, par Jean Douchet

 

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janvier 2002
mise à jour 15 avril 2008

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