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Parcours
Cédric Kahn
P87
Charles Berling et Sophie Guillemin dans L'ennui
collection Paris Île-de-France
Retour sur la jeune carrière de ce cinéaste remarquable, un des plus intéressants de la nouvelle génération.


"J'aimerais faire un film après l'autre avec à chaque fois l'envie maximum, jusqu'à l'obsession s'il le faut." (Cédric Kahn, Cahiers du cinéma)

Monteur et scénariste
Cédric Kahn a fait son apprentissage du cinéma par le montage. Il a débuté comme assistant de Yann Dedet (qui sera plus tard son monteur) sur le film de Maurice Pialat Sous le soleil de Satan (1986), et a notamment assuré le montage de deux courts métrages d'Ismael Ferroukhi, L'exposé (1993) et L'inconnu (1995), ainsi que de Joie de vivre (1996) de Camille Brottes.

Il a également participé à l'écriture de scénarios réalisés par d'autres cinéastes : tout d'abord Outremer (1989) de Brigitte Roüan, histoire de trois sœurs sur fond de guerre d'Algérie, puis, alors qu'il était lui-même déjà passé à la réalisation, Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel (1993) et La vie moderne (2000), tous deux réalisés par Laurence Ferreira Barbosa, qui elle-même collaborera au scénario de L'ennui (1998).


De la "captation"…
La filmographie de Cédric Kahn débute en 1989 par un court métrage tourné en vidéo, Nadir, puis se poursuit l'année suivante par un deuxième court métrage, Les dernières heures du millénaire, qui montre l'errance nocturne d'une jeune femme, seule dans Paris, interprétée par Nathalie Richard.

En 1991, à vingt-quatre ans, il tourne son premier long métrage, Bar des rails, "une histoire qui déraille" selon ses propres mots, celle d'un amour impossible entre un adolescent mutique et une jeune femme désemparée interprétée avec sensibilité par Fabienne Babe. Le film, très personnel et tourné dans une sorte d'inconscience, ne connaîtra qu'une audience confidentielle, mais sera remarqué par la critique.

En 1994, il réalise Trop de bonheur, qui s'inscrit dans la série télévisée produite par Arte Tous les garçons et les filles de leur âge, dont le thème imposé, filmer la jeunesse, s'accompagnait d'une contrainte stylistique : inclure dans les films une longue séquence de fête. Le film de Cédric Kahn bénéficiera d'une sortie en salle et obtiendra le prix Jean Vigo. Tourné rapidement, ce film sur l'adolescence, qui n'est interprété que par des amateurs (notamment par Caroline Ducey dans son premier rôle), est le préféré de son auteur : "Il y a une cohérence parfaite entre ce qu'il raconte, ce qu'il est, la façon dont il a été fait. C'est un objet rond, plein. Un film qui ne sent pas l'effet". (www.objectif-cinema.com/interviews/119.php)


… à la mise en scène
En 1997, Cédric Kahn entame une nouvelle collaboration avec Arte, pour laquelle il tourne Culpabilité zéro, sorte de polar réalisé avec les apprentis comédiens du Théâtre national de Strasbourg. Ce téléfilm, que son réalisateur juge raté, lui permet cependant d'évoluer dans sa conception du cinéma, de passer de ce qu'il appelle la "captation" d'instants vrais (que le metteur en scène doit quand même contribuer à faire naître !) caractérisant ses deux premiers films à une véritable mise en scène, plus réfléchie, qui est la marque de ses dernières œuvres.

En 1998, il tourne l'adaptation d'un roman d'Alberto Moravia, L'ennui, description de la relation entre un homme et une femme que tout oppose : Martin, professeur de philosophie cérébral et inquiet, et Cécilia, jeune fille à la sexualité insatiable, qui demeure opaque et lui échappe. Le film impressionne par la puissance de la mise en scène et par le jeu de ses comédiens. Au fur et à mesure que grandit la jalousie de Martin, le rythme du film et le jeu de Charles Berling s'emballent, deviennent frénétiques, l'impression de réalité s'estompant pour laisser toute sa place à l'obsession. Notamment, une longue séquence parisienne (qui montre, presque en temps réel, le trajet du couple des Buttes-Chaumont à la rue de Ménilmontant, où Cécilia retrouve un amant) met en scène Martin harcelant Cécilia, imperturbable, de questions de plus en plus pressantes. "Vouloir pénétrer ainsi quelqu'un par la parole, je n'avais jamais vu ça ! Il me semblait que c'était très cinématographique : par les mouvements de caméra et le jeu, on pouvait rendre cette sensation de vertige que l'on n'a pas forcément à l'écriture". (Positif)

En 2001, Cédric Kahn réalise Roberto Succo, inspiré de la vie du criminel, parricide et auteur de plusieurs autres meurtres. Le film montre sa cavale et ses méfaits, en Savoie et sur la Côte d'Azur, sa relation amoureuse avec une jeune fille, et, en contrepoint, l'enquête menée par un gendarme. Sur un sujet délicat, le film, qui fut sélectionné au Festival de Cannes, emporte totalement l'adhésion du spectateur par la force et la sécheresse de sa mise en scène, sans jamais tomber dans la complaisance envers la violence. "C'est [le film] où j'ai le plus fait un travail de mise en scène. Au sens de manipulation : induire et contrôler le spectateur…." (Positif)


Filmographie
Cette filmographie reprend l'ensemble des films cités dans ce parcours thématique.


Réalisations
de Cédric Kahn
1990, 8min
de Cédric Kahn
1998, 2h
Collaborations
de Ismaël Ferroukhi
1995, 35min
de Camille Brottes
1996, 26min
de Laurence Ferreira Barbosa
1993, 1h40min
de Laurence Ferreira Barbosa
2000, 2h05min
de Xavier Beauvois
1995, 1h56min
Bibliographie
Les citations de ce texte sont extraites d'entretiens donnés par Cédric Kahn aux revues Positif et Cahiers du cinéma, ainsi qu'à Objectif cinéma, magazine accessible sur Internet.



Positif n°454 , Jean-Michel Place, décembre 1998
Cahiers du cinéma n°477 , mars 1994
Cahiers du cinéma n°530 , décembre 1998
Positif n°483 , Jean-Michel Place, mai 2001
En écho
Sur Internet
Objectif cinéma : http://www.objectif-cinema.com/interviews/119.php
Une interview de Cédric Kahn réalisée en 2001.

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février 2004
mise à jour 10 juillet 2008

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