Parcours
Délicieuses ou douloureuses, les mères ont souvent le premier rôle au cinéma. D'Anna Karina à Madeleine Renaud, retrouvez
celles qui se sont installées à Paris et en proche banlieue...
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"Je-veux-un-en-fant" répète inlassablement Angela à Emile parce qu'un test infaillible lui a révélé que ces vingt-quatre heures étaient favorables
à l'événement tant désiré. Et, parce qu'Une femme est une femme, et qu'Anna Karina est celle de Jean-Luc Godard, elle finira par obtenir gain de cause au terme d'une journée mouvementée.
Trente ans plus tard, c'est Benoît Jacquot qui, dans La fille seule, filme en temps réel ces quelques heures décisives de la vie d'une femme (Virginie Ledoyen) prenant, en même temps que son
service dans un grand hôtel, la décision de garder seule l'enfant qu'elle porte.
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Désirs d'enfants, destins de femmes, ce sont autant d'histoires de couples qui se jouent autour de la maternité : épopée burlesque
quand Mireille et Barnabé aimeraient bien en avoir un et se livrent à un véritable parcours du combattant, la maternité devient combat poignant quand l'attente d'un bébé vient
se doubler d'un âpre combat contre la maladie (Haut les coeurs ! de Solveig Anspach. Mais nulle mieux qu'Agnès Varda n'en a fait une affaire de famille, glaneuse malicieuse déjà, tenant
le journal filmé de sa grossesse dans L'opéra Mouffe, puis donnant, quelques années plus tard, à son fils Mathieu Demy le rôle de l'adolescent dont s'éprend Jane Birkin dans
Kung fu master !.
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Hormis celui d'Yvonne de Bray, terrible mère des Parents terribles qui voit en la blonde jeune fille dont son fils est amoureux "une vieille femme aux cheveux jaunes", elles ont plutôt doux visage, ces mères : celui de Madeleine Renaud dans le film de Marguerite Duras Des journées entières dans les arbres, celui de Micheline Presle dans Beau temps mais orageux en fin de journée qui se fait belle quand son fils unique annonce sa venue. Celui d'une inconnue, France Lambiotte, qui apprend, tendrement
encouragée par son fils (Hippolyte Girardot, dans son tout premier rôle) à retrouver le goût de vivre quand son mari la quitte
(La femme de Jean). Ailleurs, c'est la mort, le cancer qui rôde (Rak), et la révoltante perspective de la séparation ultime, qui réunissent une mère et son fils (Lila Kedrova et Sami Frey) dans
une bouleversante complicité.
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Couple terrible quand il est tissé de solitude, et quand l'amour maternel devient prison (Reste de Marie Vermillard), il sait aussi être complice comme dans Ma chérie, co-écrit par Charlotte Dubreuil et…sa fille, ou quand le cinéma réunit à l'écran Micheline Presle et Tonie Marshall, mère
et fille dans la vie, dans Beau temps mais orageux en fin de journée et Pas très catholique.
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Et puis, hors catégorie, il y a ces mères fantasmées, mères imaginées, mères imaginaires, à mi-chemin entre rêve et réalité
: celle qu'appelle sans fin Elisabeth Huppert dans Métroparoles ; celle que s'invente Camille le jour de son anniversaire quand à sa "vraie" mère il déclare être l'enfant d'une autre (La comédie de l'innocence de Raoul Ruiz) ; celle encore, magistralement interprétée par Danièle Dubroux dans son film Border line, qui, rencontrant le fils d'un ancien amant, s'interroge à en perdre la raison sur leur possible lien filial ; celle enfin,
douloureuse et secrète, d'invisibles fillettes, à laquelle Marie Dubois prête son lumineux visage dans L'intrus.
Autant de variations autour d'une figure maternelle changeante et mouvante, où les films et la vie n'en finissent pas de se
faire écho. Car ces mères de cinéma ont toutes une chose en commun : il y a toujours en elles un peu de notre mère.
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mars 2002
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