Ce qui me meut
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1989. Cédric Klapisch a vingt-huit ans. Le jeune réalisateur fait ses premiers pas au cinéma avec un pastiche de documentaire
sur les expériences abracadabrantes, et révolutionnaires pour l’époque, du physiologiste Etienne-Jules Marey (inventeur notamment d’un ingénieux fusil photographique, précurseur du cinématographe). Brillant exercice de style, mêlant
détails véridiques et inventés, Ce qui me meut donnera son nom à la future société de production de Klapisch. La capitale apparaît déjà en toile de fond à travers le bâtiment
imposant de l’Académie des sciences, mais aussi la Seine et ses péniches, décor immuable d’un Paris de carte postale.
Trois ans plus tard, Klapisch passe au long métrage avec Riens du tout grâce, encore, à la complicité de Lazennec. Le film s’ouvre sur une vue panoramique embrassant les toits de Paris, tandis
qu’on entend en voix off : "T’imagines tous les gens qu’il y a là-dedans ?". Puis des voix se mêlent et c’est un véritable film choral qui démarre : une pléiade d’acteurs se pressent aux Nouvelles
Galeries, désormais gérées par Monsieur Lepetit (Fabrice Luchini, extraordinaire), avec des méthodes de management axées sur
la communication interne. Après quelques réticences, les salariés jouent le jeu et s’impliquent dans les activités censées
être fédératrices du comité d’entreprise : une chorale (justement) – avec Jean-Pierre Darroussin en guitariste fidèle à lui-même,
une séance de saut à l’élastique pour les amateurs de sensations fortes, sans oublier un marathon solidaire dans les rues
de Paris. Le film se termine avec une note amère, rendant cette comédie savoureuse d’autant plus pertinente.
Chacun cherche son chat
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En 1996, sortira Chacun cherche son chat, qui devait être au départ un petit court métrage tourné entre copains. De retour de vacances, Chloé (Garance Clavel) apprend
la disparition de son chat, pourtant gardé par Madame Renée, recueilleuse de chats à la ville comme à l’écran (une incroyable
"titi parigote" qui à elle seule mérite de se replonger dans ce film). Il s’ensuit une déambulation cocasse dans le quartier de la Bastille,
alors en plein chantier, à la recherche du matou disparu. Paris y est filmé comme un village, avec ses vieilles dames, mémoires
vivantes des lieux, mais aussi son bar d’habitués (le Pause-Café) et la solidarité née de ces moments partagés.
Réalisé en 2008, Paris compose, une nouvelle fois, un véritable chant d’amour à sa ville bien-aimée. Le film s’ouvre encore sur une vue majestueuse
des toits parisiens. Romain Duris, Juliette Binoche, Fabrice Luchini, François Cluzet, Karin Viard et beaucoup d’autres comédiens
célèbres se partagent l’affiche prestigieuse de ce film beaucoup plus mélancolique que les précédents. La maladie, la dépression
ont gagné le cœur de ses personnages qui tentent désormais, vaille que vaille, de partager des petits instants furtifs d’intimité
et de complicité. A la boulangerie. Dans un café près de la Sorbonne. Dans un appartement sous les toits avec vue sur tour
Eiffel. A Paris !
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