Parcours
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par Franck Garbarz
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P138 | |||||
Le cercle rouge
collection Paris Île-de-France
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Réalisateur inclassable, travaillant au sein d'un cinéma de genre tout en signant d'authentiques films d'auteur, Jean-Pierre
Melville s'est approprié Paris comme principal décor urbain de ses polars. Parfois nostalgique d'un Paris populaire à la Julien
Duvivier, le cinéaste fait de la capitale une ville tantôt hostile et menaçante, tantôt fantomatique et glaçante.
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Grand cinéphile avant même d'être cinéaste, Jean-Pierre Melville rend hommage, dans ses premiers films, au réalisme poétique
des années trente et à la gouaille typiquement parisienne des œuvres de Julien Duvivier, Jean Renoir ou Marcel Carné. Dès Les enfants terribles (1949), le réalisateur recrée un Paris de studio à la manière des cinéastes d'avant-guerre : la scène de la bataille de boules
de neige entre collégiens, qui se déroule cité Monthiers (9e), fait songer aux éclairages stylisés de La belle équipe (1936) de Duvivier et d'Hôtel du Nord (1938) de Carné.
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On retrouve dans les œuvres ultérieures du réalisateur les mêmes personnages, les mêmes lieux emblématiques et ce même univers
masculin de solitude qui ne souffre pas la moindre relation d'amour ou d'amitié. Cette récurrence confine parfois à l'obsession,
à l'image des cabarets qui ponctuent la filmographie parisienne du cinéaste : des Naturistes et du Pigall's de Bob le flambeur au Cotton club du Doulos, du Martey's du Samouraï (1967) au night-club du Cercle rouge (1970) et à la boîte de nuit de Un flic (1972), ces lieux de plaisir où se réfugient policiers et malfrats n'invitent pourtant guère à la réjouissance.
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Avec L'armée des ombres (1969), l'un des rares films de la période qui n'appartient pas au polar, le danger est omniprésent. Chronique de la Résistance,
le film retrace le parcours d'hommes constamment sur le qui-vive et contraints à la clandestinité. Convoqué à l'hôtel Majestic
de la rue de Rivoli par la Gestapo ou arpentant les rues désertes de Paris à la recherche d'un lieu où se réfugier, Gerbier
(Lino Ventura) manque à chaque instant de se faire arrêter. Et de même que les grands ensembles de voies ferrées du Doulos et du Samouraï, l'espace clair et dégagé de la gare de Lyon n'assure aucune sécurité à Jardie (Jean-Pierre Cassel), pas davantage que les
ruelles froides où rôdent les soldats allemands.
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Dans Un flic (1972), la période de Noël rend - paradoxalement - la ville plus glaciale encore. Les lieux parcourus par les personnages
tracent une géographie parisienne sinistre : un hôtel de passe miteux à Pigalle où repose un cadavre, un intérieur bourgeois
décadent où un jeune homme mineur se livre à la prostitution, une boîte de nuit sans âme, rue d'Armaillé (17e), ou encore
le commissariat d'un immeuble ultra-moderne, strictement fonctionnel. Même l'Institut médico-légal, quai de la Rapée (12e),
ne semble pas plus morbide que les cabarets cliniques qu'affectionne Melville. Le visage hiératique, Alain Delon, plus minéral
que jamais, s'inscrit parfaitement dans cette atmosphère fantomatique.
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"Le Doulos" de Jean-Pierre Melville, Analysé par Bamchade Pourvali, série Cours de cinéma à l'INHA
réalisation Forum des images
retransmission, 2007, couleur, 53min
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Jean-Pierre Melville : une petite biographie, par Franck Garbarz | |||||||
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Le Paris de Jean Renoir, par Claude Gauteur | |||||||
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Le Doulos, par Francis Marmande | |||||||
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Films policiers | |||||||
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Franck Garbarz
Rédacteur à la revue Positif, Franck Garbarz a notamment participé à l'ouvrage Paris au cinéma (Parigramme, 2003).
avril 2004
mise à jour 5 janvier 2009
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