LE PORTAIL DES FILMS
SUR PARIS ET LA REGION ILE-DE-FRANCE

 

Île de France

Mairie de Paris

 

Parcours
Alain Cavalier
Fragments de vie
P10

copyright Olivier Roller
collection Paris Île-de-France
A considérer l'ensemble de ses films, Alain Cavalier semble avoir eu plusieurs vies dans sa vie de cinéaste. Plusieurs périodes, comme on dirait d'un peintre. Avec pour pinceau une caméra, devenue au fil des ans l'outil privilégié d'une relation au monde intime et fraternelle, filmant au plus près le coeur des choses, des lieux et des gens.


Itinéraire
 
Le combat dans l'île
Diplômé de l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) à Paris, assistant de Louis Malle sur Ascenseur pour l'échafaud (1957) et Les amants (1958), Alain Cavalier passe à la réalisation au début des années soixante avec Le combat dans l'île (1961) puis L'insoumis (1964), deux films évoquant la guerre d'Algérie. Suivent deux œuvres moins polémiques : un polar, Mise à sac (1967), et l'adaptation d'un roman de Françoise Sagan, La chamade (1968), avec Catherine Deneuve.

Après un long silence de sept ans, il s'engage dans un cinéma plus en marge, plus personnel aussi. Au milieu des années 1970, avec des acteurs peu connus et de petits budgets, il filme, de Paris à Cannes, la virée vagabonde de quatre jeunes gens (Le plein de Super, 1976), l'histoire d'un couple (Martin et Léa, 1978), puis Ce répondeur ne prend pas de message (1978), qu'il tourne dans l'urgence, après un deuil, et interprète lui-même.

En 1980, avec sa fille Camille de Casabianca, il réalise Un étrange voyage qui accompagne le périple d'un père et de sa fille, entre Paris et Troyes, le long d'une voie ferrée. Le film reçoit le prix Louis-Delluc, mais la reconnaissance vient véritablement avec Thérèse, Prix du jury au Festival de Cannes 1986 et lauréat des Césars du meilleur film et du meilleur réalisateur.


Portraits
 
La matelassière
Avec ce film, l'écriture cinématographique d'Alain Cavalier s'est stylisée, privilégiant silences et plans fixes pour évoquer la vie, parmi ses soeurs, de la carmélite de Lisieux. De cette destinée humaine hors du commun, il bannit toute représentation spectaculaire, pour donner à voir avec évidence et simplicité des gestes, des visages, des objets du quotidien. En cela, Thérèse est peut-être le premier des Portraits d'Alain Cavalier.

Cette série, réalisée en 16mm pour la télévision, s'échelonne entre 1987 et 1991. Au commencement, il y eut une rencontre : intrigué, en rentrant chez lui, à Paris, par un atelier allumé tard dans la nuit, Alain Cavalier se décide un jour à en pousser la porte. Il fait ainsi la connaissance d'une Matelassière, qu'il revient filmer peu après, accomplissant les gestes de son métier tout en livrant des bribes de sa vie. Ensuite, il y aura La fileuse, L'orangère, La rémouleuse… au total vingt-quatre portraits de femmes, filmés avec une équipe réduite, selon un dispositif modeste par lequel Alain Cavalier, artisan de cinéma, semble revenu à la source de son art (et métier) de cinéaste, celui d'enregistrer le réel et le frémissement de la vie.


Cavalier seul... ou presque
 
Pater
Aujourd'hui, Alain Cavalier tourne seul, grâce à la vidéo, filmant sa propre intimité (amoureuse dans La rencontre, 1996 ou Irène, 2009 ; ou son quotidien avec Le filmeur, 2004) ou celle encore que d'autres acceptent de lui confier. Vies (1999) réunit quatre singuliers portraits : un chirurgien ophtalmologiste de l'Hôtel-Dieu, un boucher rencontré sur le tournage de Libéra me (1993), un artiste sculpteur et, pour finir, celui de sa compagne, qui livre le savoureux récit d'une collaboration inachevée avec Orson Welles…

"Des rencontres semblables, j'en ai filmé plus de vingt, j'en ai plusieurs en chantier. Elles ne sont pas toutes une réussite pour la pellicule. La vie donne beaucoup au cinéma autant qu'elle le renvoie à ses limites. Mais ces quatre personnes qui ne se sont jamais rencontrées, sauf dans mon viseur et sur votre écran, me sont apparues constituer un ensemble, une sorte de quintette. Je dis quintette et pas quatuor parce que je pense faire partie de cette fraternité." Alain Cavalier

Pater (2011) est né de sa rencontre avec Vincent Lindon. L'acteur et le cinéaste passent un pacte ensemble. "Un film autour de nous deux : lui, comédien, moi, filmeur. Ça pourra durer un an. Nous tournerons à ses jours de libres. Dans sa chambre d'hôtel, nous nous filmons chacun avec ma caméra, affirmant notre pacte." Un jeu de rôle ludique et profond à la fois, Cavalier jouant au président de la République, Lindon à être son premier ministre. Aux frontières du réel et de la fiction, la forme inédite du film fait sa force politique.

Une rencontre inattendue encore. Alain Cavalier filme Le Caravage (2015), le cheval de Bartabas. Au fort d'Aubervilliers, le cheval est de tous les plans, à l'entraînement, aux écuries... Portrait intime d'un animal cette fois, le cinéaste se tait, lui dont la voix omniprésente, chuchotée, accompagne habituellement ses films.


Filmographie sélective
 
de Alain Cavalier
fiction, 1961, noir et blanc, 1h40min
de Alain Cavalier
fiction, 1978, couleur, 1h30min
de Alain Cavalier
fiction, 1980, couleur, 1h35min
de Alain Cavalier
de 1986 à 1988, 12x13min
de Alain Cavalier
1991, 9x12min
de Alain Cavalier
documentaire, 2004, couleur, 1h37min
de Alain Cavalier
documentaire, 2000, couleur, 1h27
de Alain Cavalier
avec Vincent Lindon et Alain Cavalier
fiction, 2011, couleur, 1h45min
de Alain Cavalier
documentaire, 2015, couleur, 1h10
Bibliographie
 
Alain Cavalier, filmeur, Amanda Robles, De L'Incidence Éditeur, 2011
En écho
 
Sur le site du Forum des images
La foi

 

Le Paris de Louis Malle, par Franck Garbarz

 

Copyright Forum des images
juin 2004

Partenaires